22 avril 2008

André Zucca, Les parisiens sous l'occupation

Aujourd'hui, je suis allé voir l'exposition du moment, celle qui fait l'objet d'une grondante polémique et d'une violente opposition relayées de manière sournoise par les médias. Cette controverse aura au moins eu l'avantage d'attirer un large public dans la petite salle d'expositions de Bibliothèque Historique de la Ville de Paris. C'est bien la première fois que je fais la queue pour voir une exposition. L'objet de ce contentieux : le titre un peu maladroit choisi par les commissaires. En baptisant cette exposition Les Parisiens sous l'occupation, les commissaires flirtent avec la provocation, les photographies présentées étant clairement des outils de propagande. Évidemment, cela ne retire rien à la réussite esthétiques de certains clichés ainsi qu'à la valeur historique de l'ensemble du travail des historiens qui ont collaboré au projet. C'est pour cela que je peux comprendre à la limite la décision de la Mairie de Paris de supprimer la campagne de communication autour de l'exposition mais qu'il me paraît aberrant de vouloir mettre un terme à l'exposition deux mois avant l'échéance initialement prévue comme le proposait Christophe Girard, l'adjoint à la culture socialiste de la Mairie de Paris.Qui peut imaginer une seule seconde que Paris était peuplé uniquement de résistants pendant la guerre ? Qui était persuadé que la vie sous l'occupation allemande était une torture quotidienne pour les parisiens ? Cette exposition a au moins le mérite de décrire une réalité : des théâtres pleins à craquer grâce à la politique culturelle de Goebbels et des gens pas forcément traumatisés par les militaires nazis qui patrouillaient. Sans oublier l'opportunité de découvrir les nombreuses affiches de propagande que Zucca mitraille allègrement. Par contre, les photographies montrant les réserves de nourriture des Halles en plein rationnement sont déjà un peu plus douteuses. Sûrement cette exposition ne fait pas plaisir à ceux qui ont voté Sarkozy, ceux qui appartiennent à cette bourgeoisie qui s'accointe avec les puissants au pouvoir pour ne pas perdre leurs privilèges et leurs intérêts économiques, ceux qui sont touchés de plein fouet par le « pétainisme transcendental » de la France, ceux qui se sont reconnus dans les portraits de bourgeoises s'acoquinant avec les officiers nazis autour de l'Hippodrome de Longchamp... La réalité est parfois difficile à accepter mais qu'aurions-nous fait, nous, à la place de ces parisiens insouciants alors que les rafles s'intensifient, que les combats font rage sur le front russe, que la résistance s'organise dans le maquis, que des dizaines d'hommes sont envoyés au STO, que les alliés préparent le débarquement ? N'aurions pas nous aussi été au théâtre ou nous baigner dans la Seine ?