05 juillet 2008

US Festival

Visiblement, cela semble troubler bon nombre de mes lecteurs que quelqu'un se revendiquant de gauche parte trois semaines aux Etats-Unis, comme si voyager outre-Atlantique faisait de moi un suppôt de Bush. Je n'y vois rien d'inconvenant, de choquant ou de scandaleux. Les Etats-Unis est un pays qui m'a toujours fasciné car c'est un pays qui offre de multiples visages, du plus abject – celui de George Bush – au plus admirable – celui de George Clooney (?). Sans oublier le travail admirable que peut faire un guignol comme Michael Moore pour faire bouger les choses outre-Atlantique. Il ne faut pas oublier que les Etats-Unis est une terre peuplée de paradoxes et que ce sont ces paradoxes qui fascinent et parviennent à faire oublier pendant quelque temps la misère dans laquelle végète une partie de la population américaine, en l'occurrence les minorités dites visibles. Il suffit de s'éloigner des centres villes pour se rendre compte de la pauvreté de certains quartiers, pourtant pas forcément pire que celle qui émane de la Goutte d'or par exemple. Le mode de vie profondément matérialiste des américains peut être expliqué par leur culture protestante et nous ne pouvons pas le juger avec nos yeux d'européens pourris par notre éducation judéo-chrétienne. Une mentalité différente ne doit pas forcément faire l'objet d'un ostracisme délétère.On ne peut pas et on ne doit pas réduire les Etats-Unis à la seule politique internationale de Bush ou à son modèle social désastreux - dont les stigmates ne sont d'ailleurs pas si visibles que ça lorsque l'on s'y promène en tant que touriste. C'est également là-bas que l'on trouve le plus d'altermondialistes, le plus d'associations politiques, le plus d'économistes réfléchissant à un nouveau modèle de société, à de nouvelles solutions pour échapper au joug du libéralisme. Il n'y a qu'à voir les manifestations à Seattle en 1999 pour le sommet de l'OMC pour se rendre compte que les américains sont les premiers à rejeter le modèle qu'on leur impose. Plus amusant encore, c'est des Etats-Unis que nous vient, depuis la fameuse crise des subprimes, le plus grand nombre de remises en cause du libéralisme par des acteurs économiques considérés pourtant comme corrompu jusqu'à la moelle par le libéralisme.Il ne faut pas tomber dans l'anti-américanisme primaire – comme celui de Maradona dans le documentaire réalisé par Emir Kusturica - et tenter de réfléchir à ce qui fait la force d'un pays comme les Etats-Unis. Par ailleurs, ce n'est pas parce que je prends du plaisir à visiter la sublime et cosmopolite New York ou à faire des milliers de kilomètres à travers un paysage montagneux et verdoyant que je ne continuerai pas à critiquer durement l'impérialisme américain aussi bien culturel, politique et économique que subit le monde entier et les difficultés qu'ont les pauvres à vivre là-bas. Cela n'a rien de paradoxal. On peut apprécier la beauté d'un pays et les multiples trésors (les plus beaux tableaux du monde ne sont-ils pas conservés dans les grands musées de la côte Est que j'ai eu l'occasion de visiter ces derniers jours ?) qu'il recèle sans pour autant en cautionner la politique économique.Enfin, le raisonnement qui consiste à ne visiter que des pays dont on partage le modèle politique et économique est une ineptie. Et autant dire que cela réduirait considérablement le nombre de destinations où passer mes vacances...^^

2 commentaires:

Yves Formentin a dit…

Entièrement d'accord avec tes lignes mon cher ami.
Je rajouterai est ce parce que c'est deux français qui président le FMI et l'OMC qu'il faut ne pas visiter la France? De plus les syndicats américains sont très puissant quand ils existent encore et peuvent faire de gros mouvements (les scénaristes, Wal Mart, etc).

J'ai extrêmement envi d'aller aux USA car comme toi ce sont la multitude de paysages et les paradoxes multiples qui sont fascinant. On espère pouvoir y aller l'an prochain; USA (NY, Dallas, Houston)-Nicaragua-Colombie(-Chili). Beau programme si faisable (des sous des sous des sous!). la bise et amusez vous bien

Raphaël a dit…

j'aime beaucoup ça : "Une mentalité différente ne doit pas forcément faire l'objet d'un ostracisme délétère." car à mon avis c'est valable pour tout type de jugements.
n'est ce pas le capitaliste ? :o (je plaisante bien sur !) ;-)