01 septembre 2008

Les dangers de la mercatique écologique

James Rosenquist

J'exècre la récupération de l'écologie par le marketing. Tous ces trentenaires arrogants, heureux de se dédouaner du monde pourri qu'ils façonnent en instillant quelques gouttes d'awareness dans leurs campagnes méprisables me donnent la gerbe. Toutes ces marques surfant sur la mode "verte" avec l'hypocrisie qu'on leur connait me filent le cafard. Il y a quelques années, l'écologie représentait un marché de niche, un marché destiné à quelques privilégiés. Un véritable effet de mode s'est emparé de ce thème et l'a généralisé à l'envi. Aujourd'hui, elle est au coeur de n'importe quelle campagne de communication. Un engouement général, généralisable, généralisé. Il devient impossible de ne pas vanter les vertus écologiques, équitables, biodégradables, renouvelables, respectueuses de l'environnement du produit que l'on cherche désespérément à nous faire acheter. Démarche sournoise au possible. Confusion intentionnelle et calculée. Les marques, sycophantes modernes, ont bien compris l'empathie de la populasse pour ces questions brûlantes. Ainsi, même si, à première vue, on peut se réjouir de l'omniprésence de l'écologie dans la communication des entreprises, il ne faut pas oublier qu'il faudrait un véritable changement de nos pratiques de consommation pour échapper à la saturation annoncée de la planète. Loin de se satisfaire de ce vent d'altermondialisme qui souffle sur la mercatique actuelle, nous devons nous interroger sur l'impact que cela peut avoir sur nos modes de vie. De plus, même si les entreprises communiquent sur leurs soi-disant efforts pour réduire leur empreinte écologique, celles-ci continuent de détruire la planète à petit feu. Il n'y a pas encore de retournement des pratiques dans l'entreprise : impression des mails, éclairage permanent des bureaux, ordinateurs allumés continuellement, déplacements professionnels ineptes à l'heure de la visioconférence, chauffage en hiver et climatisation en été. Sans oublier les délocalisations - et les transferts de matières premières et de produits finis qui en découlent – qui contribuent à l'appauvrissement énergétique de notre planète. Quoiqu'en dise ces bonimenteurs sortis de leurs grandes écoles uniformisante, pollution et gaspillage sont les maîtres-mots de l'entreprise et affirmer le contraire est un mensonge, une mystification du réel, une dissimulation de la vérité. L'heure est grave, pas seulement parce que le climat change ou que les matières premières s'épuisent, mais aussi parce que les entreprises poussent les gens à consommer des produits dont ils n'ont pas besoin sous couvert de respect de la planète. Et c'est cette dichotomie entre la théorie communicatrice et la réalité effective qui sème le trouble dans une population culpabilisée et manipulée. Consommer moins, consommer mieux, vivre mieux doit être notre sacerdoce. Et pour cela, nul besoin de branding et de marketing.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Retour en forme...
Ce qui est magique dans les baratins c'est que dans "développement durable", ce que retiennent les entreprises et leurs communicants, c'est le mot "développement" : alors que les écologistes, c'était plutôt du "moins", du "moins de développement", le nouveau discours, c'est : on peut se développer, on pousse la croissance (même les discours les plus officiels de l'ONU partent de là), mais on fait attention de le faire proprement, pour que ça soit durable (et qu'on s'enrichisse le plus longtemps possible); d'où le paradoxe qui oscille entre cette soif de développement, et cett bonne conscience pour rassurer les ménagères et les bobos...
Et ce n'est pas fini : le nombre de jeunes que je vois dans les entreprises complètement subjugués par tous les business autour du développement durable (et en premier lieu le business du conseil) me fait dire qu'on n'en est qu'au début...

Victor a dit…

Dans le capitalisme tout est bon!
Le moindre effet de mode et recupéré.
Il faudrer un changement profond des mentalités pour sauver la planete!
Mais ce n'est pas pour demain!
Le pseudo "développement durable" continuera de fleurir!

Antoine a dit…

J'ai vu la semaine dernière la publicité pour Mastercard et j'ai trouvé ça pathétiquement effrayant... Qu'attendons-nous pour réagir ?