07 octobre 2008

Fin de partie


Pour ma rentrée théâtrale - si l'on ne tient pas compte de mes trois heures passées devant les "Microfictions" de Régis Jauffret pendant Nuit Blanche -, rien de mieux que de commencer par une pièce au Théâtre de l'Atelier. En l'occurence, c'est d'une pièce de Beckett - écrite en français - qu'il s'agit, une pièce intitulée Fin de partie mise en scène et joué par Charles Berling accompagné de Dominique Pinon. Il en résulte une pièce noire traversée de quelques rayons de lumières - assertion à prendre au sens propre comme au figuré tant le décor s'avère être une métaphore de la pièce elle-même.

Effectivement, Fin de partie propulse le spectateur dans un futur lointain (ou proche, question de point de vue) où les chances de survie de l'humanité semblent plus que minces. Un rapport de domination entre deux hommes, le tyrannique Hamm (Dominique Pinon) cloué dans son fauteuil et Clov, bênet spollié joué par un Charles Berling vouté, boiteux et désespérement émouvant. Un jeu sado-masochiste qui transforme la pièce en un combat, une joute verbale dont Dominique est le maitre incontesté. Deux autres personnages font leur apparition à plusieurs reprises pour détendre l'atmosphère tendue entre les deux protagonistes. Il s'agit des parents de Hamm (Gilles Segal et Dominique Marcas), couple déchirant et amusant condamné à mourir dans des poubelles séparées.

Le texte est digne des plus beaux textes de Beckett. Cynique, pessimiste, engagé et parfois traversé de moments drôles où l'humour noir vient arracher un sourire - voire un rire - à un public scotché aux fauteuil par l'intensité dramatique de la pièce. Réflexion sur la solitude, sur les rapports humains et sur la dépendance aux autres, le texte est très bien mis en scène, Berling jouant constamment sur les silences pour en faire ressortir la veine de l'émotion. Malheureusement, c'est aussi de ces silences que la pièce pèche parfois. La pièce s'avère effectivement un peu longue, défaut encore plus flagrant les vingt dernières minutes qui trainent, qui trainent, qui trainent tant est si bien que l'on a l'impression que Beckett ne savait pas vraiment comment terminer sa pièce.

Mais il me restera toujours en mémoire ce jeu de mots extrêmement con mais absolument génial :
CLOV - Ah ! On dit coite ? On ne dit pas coïte ?
HAMM - Mais voyons ! Si elle se tenait coïte nous serions baisés.

Et en bonus, je vous offre le lien Wikipédia sur la pièce.