21 octobre 2008

Incendies

Il y a six mois, je découvrais - grâce à Télérama - la pièce Forêts de Wadji Mouawad au Théâtre 71 de Malakoff. Séduit par cette grande fresque familiale tordue, torturée et tortueuse, je décide de réitérer ma plongée dans l'univers de Mouawad avec Incendies au Théâtre de la Colline.

L'univers et les thématiques développées sont les mêmes que dans son spectacle précédent, avec peut-être un zeste de retenue supplémentaire, ce qui n'est pas pour me déplaire en raison du niveau de perversion et d'horreur déjà atteint dans cette pièce. Les relations familiales sont au coeur des rapports humains, des dialogues ou de l'absence de dialogue à l'image de cette mère muette dont on n'apprendra qu'à la fin pourquoi elle a subitement renoncé à s'exprimer. Cette pièce est également plus politique que la précédente avec l'omniprésence de la guerre au Liban à la réalité dont il devient impossible de fuir. Une pièce également plus cynique avec notamment toute la partie joué par un sniper fou aussi hilarante que bouleversante tant le décalage entre l'humour du passage et la violence des actes est difficile à assumer.

Après plus de trois heures menées à batons rompus dans une mise en scène minimaliste, dépouillée, efficace de Stanislas Nordey, on ressort abasourdi mais néanmoins ravi de ce spectacle franco-quebecquois (les expressions et autres insultes quebecquoises apportent indubitablement un charme supplémentaire à la pièce) à la violence extrême et au ton sans concession.