18 novembre 2008

Mi piace il Vesuvio

Albert Marquet

J'aime le Vésuve. Ce pétrifiant volcan encore en activité culminant à 1281 mètres exerce sur moi une véritable fascination. Omniprésent, son ombre domine la région, tenant en joug la vie et les maisons de près de quatre millions d'habitants. L'austérité des aspérités du volcan tranche avec la vie animée et bruyante de la ville. Pourtant, loin d'en être détaché, il en est indéniablement une partie essentielle, manifeste tant sa silhouette est inévitable. Bloc provocateur et mystérieux aussi effrayant que séduisant, il est le maitre des lieux, un seigneur généreux menaçant à chaque instant de tout reprendre. A Paris, chaque fois que mon regard croise la Tour Eiffel, mon visage affiche un large sourire émoustillé par la puissante symbolique du bâtiment. A Naples, je suis parcouru d'un frisson indescriptible – entre peur et plaisir - chaque fois que l'imposante masse se laisse entrevoir au bout d'une rue, entre deux maisons, depuis une terrasse, un balcon, un promontoire. Sorte d'immense mamelon affaissé venant contrecarrer la verge dessinée par Gustave Eiffel, le Vésuve est partout, tout le temps, dantesque tour de contrôle d'une ville fascinante et foisonnante. Du lever du soleil à une heure avancée de la nuit, le napolitain vit au rythme des klaxons, des crissements de pneus et des accélérations intempestives. Le climat est étouffant, le sentiment d'insécurité – réelle ou supposée – omniprésent mais la ville ne manque pas de charme, ne serait-ce que parce que l'on a l'impression d'être projeté dans un futur prolétarien assez jouissif. Sous l'égide du Vésuve, magnétique organe de contrôle, la ville dans son ensemble semble avoir fait l'objet d'une révolution libertarienne. Anarchique et populaire. Pauvre et chaotique. A Naples, la lutte des classes est réduite à sa plus simple expression. Les ruelles étroites dans lesquelles sèche le linge ou la vigueur des enfants livrés à eux-mêmes sur les places donnent aux différents quartiers de la ville une petite touche populaire de bon ton. Sans oublier les graffitis sur les murs, moyens de prédilection d'une propagande révolutionnaire servant à entretenir le mythe des grandes figures des courants alternatifs et à lancer les mots d'ordre des reconquêtes futures. Et rien ne semble défaire cette uniformité de façade, cette homogénéité bienvenue. Ainsi, la plupart des napolitains roulent en Fiat Cinquecento ou en Vespa bon marché. Malheureusement, quelques individus nauséabonds viennent gâcher la vie simple de la population napolitaine. La mafia, putréfaction locale, incarne le côté obscur de cette utopie concrète. Le capitalisme peut compter La Camorra parmi ses thuriféraires les plus acharnés. Mais qu'attend-donc l'intimidant Vésuve pour faire rugir le ventre de la terre et réduire à néant ces hommes qui gangrènent la magnifique cité historique ?

1 commentaire:

vg a dit…

LE vésuve comme tous les géants doit être un bon "bougre"!