01 février 2009

Picasso et les maîtres

Il y a quelques heures, l'exposition Picasso et les maîtres a clôturée en beauté au Grand Palais avec une ouverture continue du vendredi matin au lundi soir. Heureux propriétaire d'une carte Sésame, j'avais eu l'occasion d'aller voir à plusieurs reprises l'exposition. Malheureusement, pas une fois je n'ai pu y déambuler de manière plaisante. Chacune de mes visites se transformèrent en un véritable cauchemar. J'espérais donc, en y allant de nuit, pouvoir enfin voir l'exposition dans de bonnes conditions.

Accompagné de mon frère, je suis donc arrivé au Grand Palais le samedi peu avant minuit. Grande a été ma stupeur quand j'ai vu que de nombreuses personnes attendaient dans le froid glacial de cette nuit parisienne avec la certitude de ne pouvoir entrer dans l'espace d'exposition avant quatre heures du matin. Une telle abnégation me rend sceptique. Comment expliquer un tel engouement pour cette exposition ? Est-ce une véritable preuve de la fameuse démocratisation culturelle à 12 euros l'entrée ou bien un simple effet de mode relayé de manière pernicieuse par les médias ? Les visiteurs font-ils la queue pendant trois ou quatre heures pour les splendeurs du Greco ou de Francisco de Zurbaran ou bien pour avoir un sujet de conversation entre collègues le lundi matin au bureau ? Amusant de voir ces gens faire la queue devant le Grand Palais alors que la plupart d'entre eux n'a jamais mis les pieds au Musée Picasso abritant pourtant les plus belles pièces de l'exposition.

Évidemment, je n'ai pas l'intention de me geler les couilles pendant quatre heures devant le Grand Palais. Je pénètre donc dans le hall – non sans avoir fait la queue quelques minutes malgré mon Pass – et court chercher une entrée pour mon frère. Je ressors avec le précieux billet, inéluctable sésame nous évitant la queue indicible. Quand nous arrivons en haut des marches, une marque de soda distribue des boissons froides. Dommage que ça ne soit pas Nespresso ou Kimbo qui ait raflé l'emplacement publicitaire tant mes mains sont gelées par le trajet en Velib entre République et les Champs-Elysées.

Une fois que nous avons pénétré dans l'espace d'exposition, je dois me rendre à l'évidence ; je ne profiterai malheureusement pas de meilleures conditions de visites que lors de mes venues précédentes. Nous voilà à faire du coude à coude, à nous laisser marcher sur les pieds pour apercevoir entre deux visiteurs un petit bout d'un autoportrait de Picasso, de Cézanne ou de Gauguin. La suite sera malheureusement de la même teneur tant il faut jongler entre les visiteurs audioguidés (un audioguide traduit en 23 langues... un record !) et les petits groupes d'amis savourant chaque seconde passée au chaud après se les être pelées pendant plusieurs heures en début de soirée.


Malgré des conditions de visite pénibles, l'exposition reste passionnante de bout en bout. La qualité des œuvres sélectionnées, aussi bien celles de Picasso que des "maitres", rend le parcours agréable. Chaque salle renferme de beaux trésors, chaque recoin est une nouvelle surprise. Néanmoins, certains rapprochements peuvent paraitre un peu tirés par les cheveux, les comparaisons sont loin d’être toutes pertinentes. Lorsqu’elles fonctionnent, on se dit que beaucoup d’autres auraient pu être proposées. La première salle par exemple, qui réunit un grand nombre d’autoportraits, ne convainc absolument pas, tout comme la partie sur les natures mortes. On a l’impression que n’importe quel tableau représentant un peintre avec une palette ou une nature morte aurait pu faire l’affaire. Finalement, les seules confrontations indiscutables sont celles qui juxtaposent les copies (toujours libres) et les œuvres qui les ont inspirées et c'est finalement à Orsay (Le déjeuner sur l'herbe d'après Monet) et au Louvre (Les femmes d'Alger d'après Delacroix) que l'exposition Picasso et les maitres prend tout son sens.

On sort de cette exposition sans avoir rien appris de nouveau sur l’art de Picasso mais avec le plaisir évident d'avoir pu admirer quelques très belles toiles. Cette exposition permet de patienter jusqu'à la réouverture du Musée Picasso dans le Marais et de voir des toiles rares comme celles de Zurbaran, Le Greco, Titien, Van Gogh, Ingres, Manet, Courbet et beaucoup d'autres "maitres" exposés sur les cimaises des Galeries Nationales du Grand Palais...

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