J'ai commencé à fumer. Cet été. Comme ça, par hasard. Un jour, un soir, après avoir mangé dans un restaurant mexicain pour l'enterrement de vie de garçon de Sébastien, j'ai tiré une taffe, puis une deuxième et une troisième sur une cigarette de Maxence. Une Fortuna. Et j'ai aimé ça. C'est con, mais j'ai aimé ça. Chaque année, je tirais quelques taffes sur une cigarette, pour être sûr que je trouvais ça répugnant, que le goût, l'odeur, la saveur n'était, par nature, pas adaptés à mon être divin, flirtant perpétuellement avec la perfection. Généralement ça ne manquait pas, je rendais la cigarette empruntée avec un petit air dégoûté, fier de ne pas succomber à ce fléau cancérigène. Mais là, pas de sensation désagréable, pas de geste de répulsion au moment où je portais la cigarette à ma bouche. Au contraire, j'ai éprouvé du plaisir. Une satisfaction intense, comme un carré de chocolat après un bon repas.
Je me suis souvenu des premières clopes que j'avais piqué à mes parents. Des Camel sans filtre. Elles me faisaient tousser sur le chemin du collège. Je devais avoir onze ou douze ans. La tentative d'avoir un genre viril à la sortie du collège fut rapidement abandonnée ; la cigarette n'était pas faite pour moi. Nous étions diablement incompatibles et cela ne m'avait jamais inquiété. Bien au contraire. Je m'étais fait le pourfendeur de la cigarette, l'ennemi juré du fumeur. Je reconnais que j'étais presque intolérant vis-à-vis des gens qui fumaient sur les quais de la gare ou dans des files d'attente. Et pourtant, fumer sur le quai d'une gare avant que le train ne démarre est sans aucun doute l'une des choses les plus agréables sur cette terre, malheureusement impossible à faire légalement en France.
J'aurais pu en rester là. Une petite clope et puis s'en va. Mais il faut croire que j'étais déjà accro. Durant toute la semaine qui a suivi, je marquais un temps d'hésitation devant chaque bureau de tabac que je rencontrais. Céderai-je à la tentation ? Finalement, j'ai résisté. Et puis le jour du mariage, cinq jour plus tard, je n'ai pu m'empêcher de taxer une clope par ci, une clope par là. J'avais peur de ne jamais retrouver les mêmes sensations qu'après ma première cigarette « agréable ». Heureusement, le plaisir était toujours au rendez-vous. Inavouable, faisant de moi un fumeur invétéré. Deux jours plus tard, je m'envolais vers la Slovaquie et ses cigarettes deux moins chères qu'en France. J'ai succombé assez facilement – il est bien connu que je n'ai aucune volonté de toute façon. Un paquet de Petra plus tard, j'étais devenu un vrai fumeur (bien que je continue de trouver la fumée des autres insupportable et l'odeur sur mes mains assez odieuse).
Heureusement, la Corse a calmé mes ardeurs et désormais je ne fume plus que deux ou trois cigarettes par jour, essentiellement après avoir dîné et avant de me coucher. Le plaisir quotidien de m'asseoir à moitié nu sur le rebord de ma fenêtre pour tirer quelques taffes réconfortantes sur mon petit bâtonnet de bonheur. J'en viens même à penser qu'il manquait quelque chose jusqu'à présent dans ma vie. Et que cette amie aussi envoutante que maléfique s'appelait Petra ou Sparta. Pourtant, des interrogations persistent. Continuerai-je de fumer une fois que j'aurais épuisé mon stock de cigarettes ramenées de République Tchèque ? Achèterai-je pour la première fois des cigarettes en France ? Attendrai-je que Maxence (le seul et unique responsable de mon cancer des poumons dans 20 ans, à moins que je ne sois déjà mort d'une cirrhose du foie depuis 15 ans !) revienne de Slovaquie à Noël avec deux énormes cartouches de Petra ? Une chose est sûre, je n'ai vraiment pas l'intention d'arrêter alors que je viens de commencer, à 23 ans.
Je me suis souvenu des premières clopes que j'avais piqué à mes parents. Des Camel sans filtre. Elles me faisaient tousser sur le chemin du collège. Je devais avoir onze ou douze ans. La tentative d'avoir un genre viril à la sortie du collège fut rapidement abandonnée ; la cigarette n'était pas faite pour moi. Nous étions diablement incompatibles et cela ne m'avait jamais inquiété. Bien au contraire. Je m'étais fait le pourfendeur de la cigarette, l'ennemi juré du fumeur. Je reconnais que j'étais presque intolérant vis-à-vis des gens qui fumaient sur les quais de la gare ou dans des files d'attente. Et pourtant, fumer sur le quai d'une gare avant que le train ne démarre est sans aucun doute l'une des choses les plus agréables sur cette terre, malheureusement impossible à faire légalement en France.
J'aurais pu en rester là. Une petite clope et puis s'en va. Mais il faut croire que j'étais déjà accro. Durant toute la semaine qui a suivi, je marquais un temps d'hésitation devant chaque bureau de tabac que je rencontrais. Céderai-je à la tentation ? Finalement, j'ai résisté. Et puis le jour du mariage, cinq jour plus tard, je n'ai pu m'empêcher de taxer une clope par ci, une clope par là. J'avais peur de ne jamais retrouver les mêmes sensations qu'après ma première cigarette « agréable ». Heureusement, le plaisir était toujours au rendez-vous. Inavouable, faisant de moi un fumeur invétéré. Deux jours plus tard, je m'envolais vers la Slovaquie et ses cigarettes deux moins chères qu'en France. J'ai succombé assez facilement – il est bien connu que je n'ai aucune volonté de toute façon. Un paquet de Petra plus tard, j'étais devenu un vrai fumeur (bien que je continue de trouver la fumée des autres insupportable et l'odeur sur mes mains assez odieuse).
Heureusement, la Corse a calmé mes ardeurs et désormais je ne fume plus que deux ou trois cigarettes par jour, essentiellement après avoir dîné et avant de me coucher. Le plaisir quotidien de m'asseoir à moitié nu sur le rebord de ma fenêtre pour tirer quelques taffes réconfortantes sur mon petit bâtonnet de bonheur. J'en viens même à penser qu'il manquait quelque chose jusqu'à présent dans ma vie. Et que cette amie aussi envoutante que maléfique s'appelait Petra ou Sparta. Pourtant, des interrogations persistent. Continuerai-je de fumer une fois que j'aurais épuisé mon stock de cigarettes ramenées de République Tchèque ? Achèterai-je pour la première fois des cigarettes en France ? Attendrai-je que Maxence (le seul et unique responsable de mon cancer des poumons dans 20 ans, à moins que je ne sois déjà mort d'une cirrhose du foie depuis 15 ans !) revienne de Slovaquie à Noël avec deux énormes cartouches de Petra ? Une chose est sûre, je n'ai vraiment pas l'intention d'arrêter alors que je viens de commencer, à 23 ans.
6 commentaires:
On voit que tu n'as jamais mangé de carrés de chocolats de Jacques Genin dans ta vie, parce que sinon, jamais une phrase comme celle-ci n'aurait pu être possible et pensable : "Une satisfaction intense, comme un carré de chocolat après un bon repas."
quelque soit le plaisir et en dehors du fait que l'on peut mourir de n'importe quoi,n'importe où avec n'importe qui,nous avons un capital santé donné au départ,il ne faut pas le gaspiller, car la santé est le plus précieux cadeau de la vie et je parle en connaissance de cause...
Pff n'importe quoi !!!
ça me rappelle un sketch de Gad Elmaleh
Et encore tu n'a pas gouter au Gitanes sans filtre et au "vrai" cigare cubain de 3cm de périmètre et de 10cm de long! un régale! Tes Sparta et autre produit de Phillip Moris ne leur arrive point a la cheville!
Tabac = chimère : monstre qui séduit et qui perd celui qui vient à elle...
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