Paula Scher
En cet empire, l'Art de la Cartographie fut poussé à une telle Perfection que la Carte d'une seule Province occupait toute une Ville et la Carte de l'Empire toute une Province. Avec le temps, ces Cartes Démesurées cessèrent de donner satisfaction et les Collèges de Cartographes levèrent une Carte de l'Empire, qui avait le Format de l'Empire et qui coïncidait avec lui, point par point. Moins passionnées pour l'Étude de la Cartographie, les Générations Suivantes réfléchirent que cette Carte Dilatée était inutile et, non sans impiété, elles l'abandonnèrent à l'Inclémence du Soleil et des Hivers. Dans les Déserts de l'Ouest, subsistent des Ruines très abîmées de la Carte. Des Animaux et des Mendiants les habitent. Dans tout le Pays, il n'y a plus d'autre trace des Disciplines Géographiques.
[Suarez Miranda]
1 commentaire:
Ce texte a en fait été écrit par Jorge Luis Borges qui prétendit l’avoir trouvé dans un livre publié au XVIIe siècle à Lerida, en Catalogne, et l’attribua, avec espièglerie littéraire, à un auteur fictif du XVIIe siècle, Suarez Miranda. Il s’agit d’une courte et remarquable réflexion en forme de parabole sur la cartographie, ses ambitions et ses limites. Destin étrange que celui de cette "Carte de l’Empire", représentation exacte de la réalité, à l’échelle 1/1, produit de l’ambition ultime de "l’Art de la Cartographie" à la recherche de la "Perfection".
Une analyse complète de cette petite histoire en suivant le lien : http://www.crdp-montpellier.fr/ressources/frdtse/frdtse41g.html !
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