10 février 2011

Gazoline

 Geneviève Asse

Il y a quelques jours, je partais en croisade contre Areva, géant de l’énergie nucléaire qui tente de s’acheter une réputation avec un spot de propagande sublime mais mensonger. Aujourd’hui, c’est à GDF-Suez, géant de l’énergie gazière, que je m’attaque. Après le nucléaire, je m’intéresse donc au gaz et plus précisément au gaz de schiste, saloperie dont personne n’a entendu parler mais dont les conséquences sont irréversibles pour notre géographie et nos nappes phréatiques.

Le principe est simple : après avoir foré verticalement jusqu’à 2000 mètres de profondeur, on pénètre horizontalement les schistes, dans lesquels on envoie à forte pression des millions de litres d'eau (à laquelle a été préalablement ajouté plus de 500 produits chimiques dont il est impossible d’évaluer les risques) et de sable pour ouvrir la roche d'où l'on va extraire le gaz. C’est ce que l’on appelle la fracturation hydraulique horizontale, technique d’extraction révolutionnaire aux conséquences funestes. Effectivement, on estimait jusqu’à présent que les réserves de gaz seraient épuisées dans 60 ans. Or, cette nouvelle technique devrait permettre de tenir encore 120 ans, ce qui ferait du gaz l’énergie centrale des décennies à venir malgré l’engagement des états à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Aux Etats-Unis, le bilan de l’extraction de ces énergies fossiles est catastrophique : pollution massive des nappes phréatiques et de l’air, destruction des paysages et de milieux naturels… Ce sont les conséquences de dix ans d’extraction non-contrôlée (et même facilitée par Dick Cheney) que dénonce Gasland, documentaire de Josh Fox primé lors du célèbre festival américain de cinéma de Sundance. On y découvre des terres dévastées, des eaux empoisonnées, des gens malades. On y voit même un homme qui, en plaçant simplement un briquet devant le robinet de son évier, déclenche une grande flamme lorsque, entre deux arrivées d'eau, du gaz s'en échappe. Le documentaire, montrant comment les géants de l’énergie américains ont transformé leur pays en gruyère, est visible en intégralité sur Dailymotion, le film est même sous-titré en français. A voir absolument pour prendre conscience de la dangerosité du phénomène afin d’empêcher son exploitation en France.



Effectivement, en France, les autorisations de prospection sur plus de 10% du territoire ont été accordées sans débat sur les besoins énergétiques à moyen et long terme, sans discussion sur la nécessité de lutter contre le gaspillage, sans recherche sur une meilleure efficacité énergétique et les alternatives renouvelables. Les zones du Larzac et des Cévennes – attribuées à Schuepbach et GDF-Suez – font office de tests par rapport à la réception de la population locale : si cela passe ici, cela passera partout en France. A nous de faire en sorte qu’il y ait une prise de conscience des politiques et qu’un moratoire sur la prospection de gaz de schiste soit signé. Il en va de la préservation de nos paysages et de notre santé.

Pour conclure, j’aimerais citer José Bové qui demande : « Parce qu'une technique est possible, parce qu'elle est utilisable, doit-on pour autant l'utiliser ? ». A méditer…

7 commentaires:

Joséphine a dit…

Très intéressant!

heureusement, des gens agissent (en France)

http://energie-climat.greenpeace.fr/la-revue-du-web-du-petrole-du-10-fevrier

Georg-Friedrich a dit…

Tes notions forestières deviennent hallucinantes!!! C'est ton frère qui t'a appris tout ça?

Anonyme a dit…

Mais je ne parle pas du tout de forêt ?
Et je n'ai pas attendu mon frère pour avoir une conscience écologique très cher !

Antoine a dit…

Mais je ne parle pas de forêt dans cet article, je parle de l'exploitation du sous-sol de notre belle terre !
Et je n'ai pas attendu mon frère pour avoir une conscience écologique ! ;)

Amandine a dit…

L'autre jour un député posait une question à la ministre à ce propos, et celle-ci parle de trouver une technique d'extraction différente de celle des états-unis... A mon avis juste un moyen de gagner du temps!

Antoine a dit…

Cela sent la langue de bois politicienne, je doute que GDF-Suez et Total (qui se sont partagés le territoire) aient des techniques différentes des géants américains ! L'extraction "à la française" me semble être une vaste fumisterie pour calmer les ardeurs des "gens qui agissent" mentionnés par Joséphine ! :(

Anonyme a dit…

"Pour conclure, j’aimerais citer José Bové"

Ouais enfin citer un fumeur pour dénoncer la pollution ...