03 mars 2011

Bank-out

Quentin Metsys

Depuis quelques mois, Greenpeace dénonce les investissements radioactifs de la BNP et, d’une manière plus générale, pointe du doigt la politique d’investissement des grandes sociétés bancaires françaises (la Société Générale et le Crédit Agricole sont également concernés par ces investissements humainement et écologiquement dangereux) et internationales. Savez-vous ce que votre banque fait avec votre argent ? Quel est le bilan carbone des investissements faits en votre nom ? N´investissez-vous pas, à votre insu, dans les industries d´armement ou la pétrochimie ? Derrière ces questions anodines, il y a un véritable sujet de société tant l’opacité des investissements est criante. Il n’est pas exagéré de dire que ces derniers sont globalement faits en fonction de leur rentabilité, au mépris de tout critère moral et ce avec l'argent des gens comme vous et moi.

Les banques contrôlent le monde comme nous le rappelle le goût amer laissé par la dernière crise financière. Suite au vaste mouvement de dérèglementation du secteur bancaire des années 80, les distinctions impératives entre banques de dépôts et banques d'investissement ont été supprimées. Les banques sont donc devenues de tentaculaires entreprises déployées à l'échelle mondiale. Les dernières années leur ont prouvé qu'elles pouvaient spéculer en investissant sur des produits risqués tout en comptant sur l'aide des Etats en cas d'investissements infructueux tandis qu’elles reconstituaient leurs réserves en prêtant aux entreprises ou aux particuliers à des conditions inadmissibles. Comme la gouvernance mondiale actuelle ne semble pas se préoccuper de la régulation des banques privées, de l’encadrement de leurs fonctions d’investissements et de dépôts et encore moins de leur nationalisation, il existe peut-être une autre voie pour développer une économie plus humaine.

En rejoignant une banque à la démarche responsable et aux investissements solidaires, il est possible de faire un pas vers un autre monde, un monde différent où l’utilité sociale compte autant que la profitabilité financière. C’est pourquoi je viens de changer d’établissement bancaire. J’ai clos mes comptes au Crédit Mutuel (qui n’est certainement pas la pire banque de France) pour les ouvrir au Crédit Coopératif. Il était important pour moi de choisir une banque de l’économie sociale. L’économie sociale est constituée par les coopératives, les mutuelles, les associations et toute autre entreprise qui mettent leur activité au service d’une économie respectueuse de la personne. Le Crédit Coopératif, par sa nature ainsi que par celle de ses clients sociétaires « agit pour que se développe une société où chacun trouve sa place ». Au-delà du discours éthique, social et écologique récurrent aujourd’hui, il y a une vraie démarche de développement solidaire.

Concrètement, à mon échelle, l’ouverture de mon nouveau compte, le Livret Agir 18/28, me permet de donner du sens à mon épargne. 50 % des intérêts annuels de mon livret seront versés à l’association de mon choix. J"ai opté France Nature Environnement, la fédération française de plus de 3000 associations de protection de la nature et de l'environnement. Je précise que ce choix avait été réfléchi avant leur campagne censurée lors de l’ouverture du Salon de l’Agriculture et les réactions pathétiques des politiciens.  En plus de la moitié de mes intérêts, elle percevra 0,06 euros à chacun des retraits effectués par ma carte bancaire. Enfin, je n’ai pu céder à la tentation de m’offrir cinq parts sociales du Crédit Coopératif. Contrairement à la société anonyme classique qui appartient à ses actionnaires, une coopérative est une société qui appartient à ses sociétaires. Je possède donc une infime part du capital du Crédit Coopératif, ce qui me permet de disposer de la double qualité d'associé - détenteur du capital de la coopérative - et de coopérateur - utilisateursde ses produits et services. J’adhère ainsi aux valeurs d’une banque différente : la banque de l’économie sociale et solidaire.

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