18 août 2007

Kool Summer

Bigger than life.

Mes vacances paisibles au bord de l'Océan Atlantique sont terminées... Finies les plages de sable fin qui chauffaient mes pieds nus... Révolu le vent du large qui me tannait le visage... Achevé le soleil qui brûlait ma peau... Pendant trois semaines, j'ai pu me prélasser sur ma serviette, lire Proust, Buzzati, Barjavel, Steinbeck, Orwell, nager jusqu'à l'épuisement, observer les gens qui m'entouraient... Les vieilles qui exhibaient leurs seins, les anorexiques qui cachaient leurs os derrière un paréo, les playboys de pacotille qui frimaient avec un ballon de volley, les grosses qui arpentaient la plage en laissant remuer leurs bourrelets, les petites filles qui braillaient, les adolescents qui éructaient de joie chaque fois qu'ils marquaient un but, le vieux qui n'allait jamais se baigner sans montrer fièrement son string orange, le jeune couple qui ne se lassait pas de faire des cochonneries à la vue de tous, les jeunes filles qui lisaient des revues débilitantes, les pères sans autorité, les mères courant derrière leur progéniture pour leur apporter leur goûter, les familles étalant leurs futiles accessoires comme des symboles de leur inaliénable condition de « beaufs »... Progressivement, cette rebutante population familiale semble s'emparer sans vergogne de ma si sauvage Plage de l'Océan. Heureusement, cela ne retire rien au charme du martèlement des vagues s'écrasant sur le rivage dans une éruption d'écume...

Viva la revolucion (avec la serviette d'Oranou)

Mon passe-temps favori fut psychiatriquement inquiétant... Je repérais les jolies filles – si possible lisant des folios classiques plutôt que Cosmo, Elle, Biba, 20 ans ou la dernière daube de Lévy, Musso et consorts - telles des proies... Quand elles se levaient pour partir, je remballais rapidement mes affaires et je m'empressais de les suivre discrètement jusque leur lieu de villégiature, retenais l'adresse et reluquais leur plaque d'immatriculation : 76, 78, 49, 52, 44, 72... Après le triste constat d'un amour impossible, je me dépêchais de rentrer chez moi – chargé de pensées érotiques et de rêves coquins - car mes grands-parents m'attendaient pour manger... J'ai l'impression de n'avoir fait que ça de mes vacances : bronzer, mater, nager, lire, manger, boire... Liste simple de choses simples, de petits plaisirs illusoires à laquelle je peux quand même rajouter faire du vélo et jouer au Scrabble !

Le premier maillot jaune pas dopé – tout est dans les baskets jaunes et le fidèle destrier.

La première activité fut une torture, un calvaire, un supplice... Chaque kilomètre parcouru se soldait par des muscles courbaturés et des douleurs indicibles... Chaque bosse, chaque creux, chaque montée, chaque carrefour se révélait être un nouvel obstacle entre moi et mon objectif sacré... Autant dire que cela m'a légèrement refroidi quand à donner suite à l'abonnement Velib qui me tentait avant les vacances... Le ipod dans les oreilles (Supertramp, Pink Floyd, Of Montréal, Cocorosie, Goran Bregovic, No One is Innocent furent de la partie...), il m'est arrivé de parcourir jusqu'à vingt kilomètres par jour, la distance aller/retour qui sépare la maison de grands-parents de l'effervescence de la ville de Noirmoutier... Heureusement, ces efforts physiques remarquables n'altéraient en rien mes brillantes capacités intellectuelles et le don inné dont j'ai hérité et qui me permet de gagner la quasi-totalité des parties de Scrabble auxquelles je participe... Ma grand-mère en a encore fait les frais... Durant trois semaines, elle a enchaîné les défaites avec humilité... Une victoire par ci (après réflexion, il n'y en eu qu'une), quelques points de différence par là lui permettaient d'espérer encore un peu... Je fus un rouleau compresseur, explosant les records, glissant des mots inconnus de tous et sachant garder mon sérieux lorsque ma mamy écrit le mot G-O-D-E en ajoutant de sa petite voix fluette : « je ne sais pas trop ce que c'est mais ça existe ».

La vérité sort du Scrabbeule.

Sur trois semaines passées sur la côte Atlantique, seuls 12 jours offrirent un ciel bleu et un temps acceptable. Par chance, le mauvais temps apporte aussi quelques petits instants de bonheur romantiquement poétiques. Ainsi, outre les couchers de soleil proposant de superbes dégradés de mauves et les reflets étrangement lumineux des nuages gris sur l'océan déchaîné, j'ai eu droit à un magnifique orage nocturne. C'est quelque chose qui me rend aussi fébrile qu'un feu d'artifice, quelque chose d'étonnement fascinant, quelque chose pour laquelle je serai prêt à braver tous les interdits, prendre des risques inutiles pour m'en abreuver jusque satiété... Sans oublier le petit plus qu'apporte ce genre d'exercices; l'impalpable tension craintive, la dose d'adrénaline indissociable à la fièvre du moment. L'excitation est à son comble quand les éclairs transpercent la masse de nuages à quelques centaines de mètres seulement, lorsque les éclairs viennent frapper la surface de la mer rapidement suivis d'un rauque, d'un suave roulement de tonnerre. L'ivresse, le trouble du moment atteignent alors leur paroxysme ! J'adooOOOoore ça !

La nage, ça trempe énormément !

Avec l'âge, soit je m'assagis, soit je deviens une loque embourgeoisée, soit je me transforme en intello péteux parisien mais une chose est sûre : j'ai évité tant bien que mal mes connaissances insulaires aux QI proches de ceux d'un bigorneau congelé... No drugs (ou presque)... No alcohol (ou presque)... No chichis (ou presque)... A défaut d'être studieuses (mes révisions pour les rattrapages ne furent finalement pas au coeur de mon emploi du temps...), mes vacances furent sérieuses, loin de la vie de débauche que j'ai pu mener les étés précédents (surtout celui de mes 18 ans, les suivants furent nettement moins rocambolesques...).
Ci-dessous, la liste des choses que j'aurai pu faire et que je n'ai pas faites :

  • Faire des pâtés de sables et sauter dessus à pieds-joints.

  • Courir 10 kilomètres matin, midi et soir.

  • Entreprendre de reconstruire en sable la muraille de Chine grandeur nature sur la plage.

  • Faire de la planche à voile sans tchador et du catamaran sans humour.

  • Maigrir.

  • Ramasser des coques et des palourdes.

  • Sniffer un mélange d'écume et de grains de sable.

  • Creuser un trou très profond, se cacher à l'intérieur et affronter les assauts répétés des vagues.

  • Dormir douze heures consécutives en pensant à elle.

  • Rencontrer Agnès Varda et Françoise de Panafieu.

  • Repeindre la salle à manger de mon ancien patron.

  • Prendre une cuite avec de la Smirnoff Ice chaude.

  • Renifler des hortensias roses jusqu'à avoir la tête qui tourne.

  • Me rouler dans la vase à marée basse.

  • Traverser le Gois à bicyclette avec la marée montante.

  • Pêcher et Pécher.

  • Prêcher.

  • Monter dans un arbre et crier : « Je suis le roi du monde ».

  • Cueillir de la salicorne.

  • Jouir.

  • Devenir sarkozyste, voire céciliasarkozyste.

Luxe sans luxure.

Sérieux, je le fus aussi à Céret où j'étais attendu de pied ferme par mon « vieux grigou » de maître de stage... A 7h30, je débarque au centre du monde (une pissotière de la gare de Perpignan) après avoir passé les dix heures les plus longues de ma vie à me tourner et me retourner sur les horribles couchettes d'un train corail Lunéa. Rien de plus frustrant que de voir cinq personnes endormies autour de soi quand on arrive pas à fermer l'oeil de la nuit faute au manque de place, faute au bruit du train, faute au bruit des mômes dans le compartiments d'à côté, faute à la lumière de la civilisation, faute aux arrêts répétés... Bref, une heure plus tard, je suis soulagé de me plonger dans l'eau vivifiante de la piscine... Quelques brasses plus tard, je suis d'attaque pour une dure journée de labeur afin de préparer au mieux ces trois jours consacrés à Freddy Tiffou... La journée finira en beauté avec la visite du célèbre Musée d'Art Moderne de la Ville de Céret... Mon grand retour à la Culture après une pause de trois semaines... Une exposition temporaire assez sidérante rassemblant plus de 150 oeuvres de Othon Friesz (cela étant dit, ce n'est absolument pas ma tasse de thé !) et une collection permanente offrant des toiles de personnalités telles que Herbin, Gris, Picasso, Soutine, Pignon ainsi que deux Chagall tout simplement fabuleux !

La prospérité à bout de bras.

Les trois jours suivants me plongeront au coeur d'un univers qui m'était jusqu'alors inconnu. Trois jours durant j'ai côtoyé des antiquaires et des galeristes avec pour mission de faire connaître et reconnaître l'incroyable talent de Freddy Tiffou. Cela faisait deux mois que je travaillais à partir de photos et je dois bien reconnaître que certaines oeuvres sont vraiment saisissantes... Deux mois que je brassais du vent bien au chaud derrière mon écran et me voilà enfin confronté à la dure réalité ! J'ai des dizaines d'anecdotes à raconter, des réflexions toutes plus connes les unes que les autres allant des braves gens persuadés que j'étais le peintre Tiffou (et allant jusqu'à m'appeler Freddy) aux nigauds me demandant pourquoi le peintre peignait des objets à l'envers... Finalement, trois tableaux furent vendus... Je n'irai pas jusqu'à dire que j'en suis le responsable (du moins pas directement, surtout que c'était loin d'être mes préférés et que le côté commercial ne me sied guère...) mais évidemment je suis enchanté de constater que mon travail en amont est récompensé... A défaut d'avoir les moyens de repartir avec un Tiffou, je serai bien reparti avec une toile Capdeville, un artiste local, mais là encore le compte en banque crie famine...

Chaud comme un four solaire.

En revanche, je dois bien reconnaître que pendant un mois, un "antoine affamé" put être considérée comme un oxymore. Après les trois semaines où je fus gavé comme une oie par ma grand-mère, j'ai pu goûter avec beaucoup de plaisir à la cuisine catalane préparée par Cricri, la dulcinée de « vieux grigou ». En effet, j'ai passé ma dernière journée de « vacances » (guillemets utilisés parce que mon big boss a exploité mes talents multiples dans sa boutique) à Mont-Louis, une petite cité fortifiée construite par Vauban et actuellement en attente pour faire partie du patrimoine mondial de l'Unesco. Même si la citadelle est complètement ravagée par le camp militaire battit à l'intérieur, j'étais très heureux de découvrir cette région pyrénnéenne. Avant de repartir de la gare de Latour de Carol (pour une nuit à peine moins pénible que la première), j'aurai quand même l'occasion de voir le grand four solaire d'Odeillo construit par Félix Trombe et surtout de passer cinq minutes dans l'enclave espagnole de Livia... Eh oui... Je peux me targuer d'avoir été en Espagne cet été... Sol, muchachas, chocolate, ces cinq minutes eurent un goût de paradis...^^

Soleil de vos vies.

Après un sevrage d'un mois en ce qui concerne mes deux principales sources de loisirs, le cinéma et internet (à 2,5€ le quart d'heure, on apprend à être raisonnable...), il va me falloir reprendre un rythme effréné afin de rattraper mon retard sur les différents blogs que je lis régulièrement et dans les différentes salles que je fréquente habituellement tout en ne négligeant pas mes révisions pour les rattrapages, ma recherche d'un nouvel appartement et la dernière ligne droite de mon stage passionnant...

12 commentaires:

Anonyme a dit…

The retour !
Tout beau et tout bronzé et en plus il ne se la pète même pas sur les photos.
La classe, quoi ;-)

Anonyme a dit…

Per mi ,no hi ha dubte;dona les gracies a algù per tot..vg

Anonyme a dit…

aaaah, que d'aventures!
contente de te revoir dans le coin en tout cas, et en plus avec plein de choses à raconter, si c'est pas beau, ça!

Thierry a dit…

Hey, welcome back !De bonnes vacances pour toi, on dirait, tant mieux! Content de pouvoir te relire (et le passage sur ta grand-mère et ce mot déconcertant...sublime).

Anonyme a dit…

Cette grand-mère m'a l'air tout à fait passionnante... Et ces vacances aussi.
Bon, un blog de plus à lire, donc.

Petit Apollon a dit…

Bah alors Mamy, y a pas de mal à s'faire du bien ! Bah content de te revoir parmi nous, en espérant que les vacances aient été bonnes, fais gaffe avec le pistage des jeunes demoiselles tu vas passer pour un détraqué sexuel... C'est tellement "tendance" en ce moment à la TV, enfin bref !

Et alors c'est comment les urinoirs de la côte Sud-Est ? Paraît qu'il s'y trame de ces choses... Genre fellation, je ne sais pas trop ce que mais je sais que ça existe... HA HA HA HA !

Le Blog De Loretta a dit…

Quel vie passionnante tu mene antoine ^^
un passage très interressant sur les visites a la charmantes plage de barbatre (enfin visites...plutot temps perdu a ne pas faire ce que tu dis plus bas
Ahlalalalala ^^
tchao grand cousin
leonora

Orane a dit…

On ne se moque pas de MA grand mere!

Anonyme a dit…

Chouettes ces vacances ! Et tu as une grand-mère adorable !
Par contre, je suis désolé que dans la liste des choses que tu aurais pu faire mais que tu n'as pas faites il y'ait "jouir"...

Anonyme a dit…

Welcome Back;)

Anonyme a dit…

En plus un retour en forme coté écriture, du sublime quoi....J'voulai dire du Antoine bien sur.

Anonyme a dit…

T'as t'as vu je fais pas la grève !!!
Eu le coup du mattage en suivant les filles belles et intelligentes tu me fais flipper là mais bon au moins c'est intéressant à lire.
Ah oui surtout Big up la mamie avec le g-o-d-e "je sais pas trop ce que sais mais ca existe", elle a pas dit je sais pas ce que sais, notes bien le détail impôrtant lol.
Sinon Freddy bon retour à Paris...