Aujourd'hui, mon colocataire m'a proposé d'aller au Musée d'Orsay voir l'exposition De Cézanne à Picasso qui rend (magnifiquement) hommage au marchand d'art Ambroise Vollard. Et comme je ne peux rien lui refuser, j'ai fini par céder. Et quand je lui ai expliqué que le RER C était en travaux et qu'il m'a proposé d'y aller en vélo, je n'ai pas pu davantage résister. J'allais enfin essayer le Velib. Un mois que j'en rêve nuit et jour, que je me suis entrainé pendant trois semaines à Noirmoutier, que je me maintiens en forme pour affronter les pistes cyclables parisiennes. La désillusion fut terrible. A peine arrivé en bas de la rue Oudiné, le parc Velib le plus proche de chez moi, les ennuis commencent. Il me faut plus de 10 minutes pour réussir à obtenir mon vélo alors que pourtant Thomas fait l'effort de m'expliquer comment faire. Mon passe-navigo ne fonctionne pas, mon code d'utilisateur est invalide... Après plusieurs laborieuses manipulations, je me saisis enfin du vélo numero 13. Chance ou malchance ? Seule la suite de mon aventure vous l'apprendra !
En effet, c'est là que les premières difficultés commencent. La rue est en montée. La circulation est dense. Quelle idée de partir à 17h pétantes ! Je manque de tomber. Je m'appuie in extremis sur une voiture garée sur ma droite. Le feu passe au vert. Les voitures redémarrent. Les pots d'échappement laissent échapper leurs odeurs nauséabondes et leurs fumées mortelles. J'appuie sur les pédales. C'est dur mais je suis bien entrainé. Il se met à pleuvoir, à pleuvoir de plus en plus fort. Je dépasse la Bibliothèque François Mitterrand. J'aperçois la Seine. Je tourne sur la gauche. Pas de pistes cyclables. Les voitures me doublent et me frôlent. Je continue de pédaler à en perdre haleine. Je grille un feu, puis un deuxième. La vague verte n'est pas prévue pour les vélos. Je pédale de plus en plus fort, contourne des bus, évite des passants. Encore un feu. J'aperçois une piste cyclable. Je m'engouffre. Une descente. La Gare d'Austerlitz se dévoile sur ma gauche. Et dire que le RER fait ça en moins de 2 minutes ! Je continue de pédaler comme un forcené. Derrière moi, Thomas suit avec le sourire. Moi je suis rouge et je sue. L'avantage de la pluie qui ne cesse de tomber, c'est qu'elle rend les auréoles invisibles. Le trajet est pénible mais je succombe rapidement au charme de la capitale. Comment résister aux bords de Seine ? Je traverse un pont, aperçoit la Place de la Bastille, continue tout droit. L'Hotel de Ville. La circulation est de plus en plus dense. Sens interdit en face. Sens interdit à gauche. Pas de chance, le musée d'Orsay est juste devant moi, légèrement sur la gauche. Je dois passer coûte que coûte. Le feu passe au vert. Je démarre en trombe. Moi je veux aller tout droit. Une BMW surgit de ma gauche. Visiblement elle ne l'entend pas ainsi. Je n'hésite pas à prendre des risques. Je fonce. Elle pile. J'ai failli y passer mais j'ai gagné. Je grimpe sur le trottoir, slalome entre les touristes agglutinés pour entrevoir le gland de la Tour Eiffel. Thomas a été moins téméraire que moi mais il me rejoint rapidement. Je traverse un pont, passe devant Notre-Dame de Paris -après avoir grillé un nouveau feu -, me retrouve Place Saint-Michel. Je suis en terre connue. Je maitrise la situation. Je connais notre positionnement géographique. Je tourne sur la droite. La Seine s'étend sous mes Converse, mes Converse qui peinent à ne pas glisser des pédales. L'Académie Française. Enfin voilà le Musée d'Orsay. J'évite un bus puis ralentit. Nous sommes arrivés. Maintenant, il nous faut trouver un emplacement pour laisser nos vélos. Je remonte une rue, puis une seconde. Je repasse devant le Musée d'Orsay. Continue jusque l'Assemblée Nationale. Je grille un nouveau feu devant un policier. A notre gauche, un parking nous tend les bras. Deux places vides. Nous nous ruons et nous abandonnons nos montures. Impossible de récupérer mon reçu. Mot de passe invalide. Peut-être vais-je être prélevé de 150€ demain ? Enfin nous sommes arrivés, vivants.
Après trois heures de visites, j'ai les jambes lourdes et une crampe à l'aîne. Je n'ai plus l'habitude de piétiner dans les expositions parisiennes. Il nous faut maintenant prendre le chemin du retour. La nourriture spirituelle est un mythe. Il est 21h00 et mon estomac crie famine. Il nous faut maintenant découvrir un nouveau parc Velib (car le système de location de celui où nous avions laissé nos vélos était en panne). Heureusement, celui-ci ne se laisse pas trop désirer. Les modalités sont torchées en quelques secondes. Une minute plus tard à peine, j'enfourche mon fougueux destrier et m'enfonce dans la circulation du Boulevard Saint-Germain. Un bus manque de m'étriller. Un car tente de me coincer contre d'énormes blocs de béton. Je ne faiblis pas, fais face à l'adversité avec fermeté. Surtout ne pas céder. Le Flore. Le Deux-Magots. Derrière moi, un bus piaffe d'impatience. Je redouble d'efforts. Le semer. Mon objectif secret est de le semer. Il s'arrête. Des passagers montent. Il redémarre. Je pousse. L'Institut du Monde Arabe. Son imposante ossature de verre se dresse en face de moi. Le bus tourne à gauche. Je n'ai pas cédé. Il ne m'a pas doublé. Des pavés. Une douleur dans le coccyx se fait ressentir. Pas très agréable de faire du vélo sur des pavés. Le Jardin des Plantes. Encore des pavés. Je repasse devant la Gare d'Austerlitz. Il pleut toujours autant et je suis toujours aussi trempé. Mon t-shirt colle à ma peau. Cela fait ressortir mes muscles saillant. Une montée. Pénible. Jamais je n'arriverai à monter une telle côte. Je change de vitesse. Je ralentis dangereusement. Thomas me double. Je suis à bout de souffle. Chaque nouveau coup de pédale déclenche une douleur dans le mollet. Je tourne. J'aperçois mon arrondissement. Les tours des Olympiades. Je suis bientôt chez moi. Je prends un sens interdit, grimpe un haut trottoir, puis le redescends aussi sec. Je grille à nouveau un feu. Impossible de savoir combien j'aurai commis d'incivilités ce soir. Les tours de la BNF se dévoilent progressivement dans le ciel lavande. Je remonte la rue de Tolbiac. Elle monte. La descente était plus agréable à l'aller. Voilà ma rue. Je m'engouffre. Horreur et Damnation : le parc de stationnement Velib est plein à craquer. Impossible de déposer nos vélos. Où peut bien être le parc le plus proche ? Le sang qui irrigue mon cerveau ne fait qu'un tour, mon poul, quant à lui, est de plus en plus rapide. Je soupire. Direction la station de métro de la Bibliothèque François Miterrand. Ouf. Je respire. Ici, il y a de la place. Nous laissons nos vélos. Je parviens à obtenir mon reçu. 25 minutes. J'ai mis 25 minutes à revenir du Musée d'Orsay. Certes j'aurais mis moins de temps avec le RER mais je n'aurais pas pu respirer le bon air pollué de la capitale, je n'aurais pas pu transpirer comme un boeuf, je n'aurais pas pu être mouillé par la pluie battante, je n'aurais pas pu manquer de me faire tuer... Et dire que j'aurais pu finir Le Joueur d'Echec de Stefan Zweig...
Une chose est sûre : je renonce à l'abonnement Velib. Le Velib, c'est horrib ! Néanmoins, j'aurais sûrement à coeur de vous conter de nouvelles péripéties cyclistes dans les mois à venir.
En effet, c'est là que les premières difficultés commencent. La rue est en montée. La circulation est dense. Quelle idée de partir à 17h pétantes ! Je manque de tomber. Je m'appuie in extremis sur une voiture garée sur ma droite. Le feu passe au vert. Les voitures redémarrent. Les pots d'échappement laissent échapper leurs odeurs nauséabondes et leurs fumées mortelles. J'appuie sur les pédales. C'est dur mais je suis bien entrainé. Il se met à pleuvoir, à pleuvoir de plus en plus fort. Je dépasse la Bibliothèque François Mitterrand. J'aperçois la Seine. Je tourne sur la gauche. Pas de pistes cyclables. Les voitures me doublent et me frôlent. Je continue de pédaler à en perdre haleine. Je grille un feu, puis un deuxième. La vague verte n'est pas prévue pour les vélos. Je pédale de plus en plus fort, contourne des bus, évite des passants. Encore un feu. J'aperçois une piste cyclable. Je m'engouffre. Une descente. La Gare d'Austerlitz se dévoile sur ma gauche. Et dire que le RER fait ça en moins de 2 minutes ! Je continue de pédaler comme un forcené. Derrière moi, Thomas suit avec le sourire. Moi je suis rouge et je sue. L'avantage de la pluie qui ne cesse de tomber, c'est qu'elle rend les auréoles invisibles. Le trajet est pénible mais je succombe rapidement au charme de la capitale. Comment résister aux bords de Seine ? Je traverse un pont, aperçoit la Place de la Bastille, continue tout droit. L'Hotel de Ville. La circulation est de plus en plus dense. Sens interdit en face. Sens interdit à gauche. Pas de chance, le musée d'Orsay est juste devant moi, légèrement sur la gauche. Je dois passer coûte que coûte. Le feu passe au vert. Je démarre en trombe. Moi je veux aller tout droit. Une BMW surgit de ma gauche. Visiblement elle ne l'entend pas ainsi. Je n'hésite pas à prendre des risques. Je fonce. Elle pile. J'ai failli y passer mais j'ai gagné. Je grimpe sur le trottoir, slalome entre les touristes agglutinés pour entrevoir le gland de la Tour Eiffel. Thomas a été moins téméraire que moi mais il me rejoint rapidement. Je traverse un pont, passe devant Notre-Dame de Paris -après avoir grillé un nouveau feu -, me retrouve Place Saint-Michel. Je suis en terre connue. Je maitrise la situation. Je connais notre positionnement géographique. Je tourne sur la droite. La Seine s'étend sous mes Converse, mes Converse qui peinent à ne pas glisser des pédales. L'Académie Française. Enfin voilà le Musée d'Orsay. J'évite un bus puis ralentit. Nous sommes arrivés. Maintenant, il nous faut trouver un emplacement pour laisser nos vélos. Je remonte une rue, puis une seconde. Je repasse devant le Musée d'Orsay. Continue jusque l'Assemblée Nationale. Je grille un nouveau feu devant un policier. A notre gauche, un parking nous tend les bras. Deux places vides. Nous nous ruons et nous abandonnons nos montures. Impossible de récupérer mon reçu. Mot de passe invalide. Peut-être vais-je être prélevé de 150€ demain ? Enfin nous sommes arrivés, vivants.
Après trois heures de visites, j'ai les jambes lourdes et une crampe à l'aîne. Je n'ai plus l'habitude de piétiner dans les expositions parisiennes. Il nous faut maintenant prendre le chemin du retour. La nourriture spirituelle est un mythe. Il est 21h00 et mon estomac crie famine. Il nous faut maintenant découvrir un nouveau parc Velib (car le système de location de celui où nous avions laissé nos vélos était en panne). Heureusement, celui-ci ne se laisse pas trop désirer. Les modalités sont torchées en quelques secondes. Une minute plus tard à peine, j'enfourche mon fougueux destrier et m'enfonce dans la circulation du Boulevard Saint-Germain. Un bus manque de m'étriller. Un car tente de me coincer contre d'énormes blocs de béton. Je ne faiblis pas, fais face à l'adversité avec fermeté. Surtout ne pas céder. Le Flore. Le Deux-Magots. Derrière moi, un bus piaffe d'impatience. Je redouble d'efforts. Le semer. Mon objectif secret est de le semer. Il s'arrête. Des passagers montent. Il redémarre. Je pousse. L'Institut du Monde Arabe. Son imposante ossature de verre se dresse en face de moi. Le bus tourne à gauche. Je n'ai pas cédé. Il ne m'a pas doublé. Des pavés. Une douleur dans le coccyx se fait ressentir. Pas très agréable de faire du vélo sur des pavés. Le Jardin des Plantes. Encore des pavés. Je repasse devant la Gare d'Austerlitz. Il pleut toujours autant et je suis toujours aussi trempé. Mon t-shirt colle à ma peau. Cela fait ressortir mes muscles saillant. Une montée. Pénible. Jamais je n'arriverai à monter une telle côte. Je change de vitesse. Je ralentis dangereusement. Thomas me double. Je suis à bout de souffle. Chaque nouveau coup de pédale déclenche une douleur dans le mollet. Je tourne. J'aperçois mon arrondissement. Les tours des Olympiades. Je suis bientôt chez moi. Je prends un sens interdit, grimpe un haut trottoir, puis le redescends aussi sec. Je grille à nouveau un feu. Impossible de savoir combien j'aurai commis d'incivilités ce soir. Les tours de la BNF se dévoilent progressivement dans le ciel lavande. Je remonte la rue de Tolbiac. Elle monte. La descente était plus agréable à l'aller. Voilà ma rue. Je m'engouffre. Horreur et Damnation : le parc de stationnement Velib est plein à craquer. Impossible de déposer nos vélos. Où peut bien être le parc le plus proche ? Le sang qui irrigue mon cerveau ne fait qu'un tour, mon poul, quant à lui, est de plus en plus rapide. Je soupire. Direction la station de métro de la Bibliothèque François Miterrand. Ouf. Je respire. Ici, il y a de la place. Nous laissons nos vélos. Je parviens à obtenir mon reçu. 25 minutes. J'ai mis 25 minutes à revenir du Musée d'Orsay. Certes j'aurais mis moins de temps avec le RER mais je n'aurais pas pu respirer le bon air pollué de la capitale, je n'aurais pas pu transpirer comme un boeuf, je n'aurais pas pu être mouillé par la pluie battante, je n'aurais pas pu manquer de me faire tuer... Et dire que j'aurais pu finir Le Joueur d'Echec de Stefan Zweig...
Une chose est sûre : je renonce à l'abonnement Velib. Le Velib, c'est horrib ! Néanmoins, j'aurais sûrement à coeur de vous conter de nouvelles péripéties cyclistes dans les mois à venir.
10 commentaires:
J'ai testé le Vélib entre Gare de l'Est et le boulevard Saint-Michel bah j'ai connu à peu près les mêmes choses que toi... La France manque cruellement de pistes cyclables surtout en comparaison de la Suède et la légendaire Stockholm ! Stockholm rocks, Paris sucks ! ;)
Bravo! le parcours du combatant écolo
c'est fait pour être surmonté et dépassé..
Ouahh, j'arrive à la fin de la lecture de tes péripéties dans le même état que toi!
Quel suspens et tout dans le mollet :-)
Bon, ben je ne te proposerai pas d'aller au Louvre en Vélib en partant de la BnF...
Moi je veux bien tester Vélolib avec toi mais pas sans mon superbe casque rose à fleur... Comment ça j'aurai l'air ridicule? Qu'est-ce que je ferrai pas pour préserver mes 'ti neurones...
Bisoux
En plus le Vélib' ça finance les panneaux de JC Decaux, et, allez savoir pourquoi, j'aime pas trop l'idée.
Donc Hugo (mon joli vélo) va reprendre du service.
tiens, tu es passé tout à côté de moi - enfin presque...
Rhaa, j'ai testé le Vélib aujourd'hui: des plombes de galères pour trouver une borne libre dans mon quartier (11e), de la marche, une selle indocile: Hugo va décidément reprendre du service.
Je préfère le vélo dans le coin de la où j'étais en vacances (Soulac, Le Verdon) : du bord de mer, de la forêt et un kilométrage immense de pistes cyclables!!!!
Inintéressant à souhait...mais super drôle je rigole bien à la banque lol
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