Il y a deux ans exactement, c'était la rentrée de ma deuxième année de "classe préparatoire au concours d'entrée à l'ENS Cachan - section économie". La 2D2. Comme un fait exprès, je ne m'étais pas réveillé ce matin là. Je suis donc arrivé avec deux bonnes heures de retard, ratant par la même occasion la photo de classe et le petit déjeuner offert par l'établissement. Evidemment, ma professeur d'économie qui m'aimait passionnément n'a pas manqué de me faire des reflexions acerbes sur cet événement assez insignifiant... Deux mois plus tard, alors que j'annonçais ma démission, elle m'en tenait toujours rigueur, estimant que cela traduisait déjà ma faible motivation et symbolisait mon absence d'investissement dans le cadre de la prépa. Ce n'est quand même pas de ma faute si je suis rock'n'roll dans l'âme (et accessoirement un glandeur de niveau interstellaire). Après plusieurs semaines de tergiversations, d'absences répétées en cours de maths, puis en cours de maths et en cours d'économie, puis en cours de maths, d'économie et d'espagnol, j'ai fini par renoncer complètement à finir l'année en prépa... Il faut bien reconnaitre que j'ai fait parler de moi quand j'ai claqué la porte du lycée. La première lettre a divisé l'équipe pédagogique en deux, ceux qui me soutenait dans ma démarche et ceux qui ne la comprenait pas, la deuxième a clos le dossier : j'étais la bête noire à éliminer ! Aujourd'hui, je ne regrette absolument pas de les avoir écrite... Même si elles m'ont valu d'être éjecté du module Sciences-Po après seulement deux semaines de cours, je suis heureux d'avoir pu aller jusqu'au bout de ma démarche. De toute façon, je n'aurai vraisemblablement jamais été pris dans un IEP... Aujourd'hui, avec une certaine nostalgie et un amusement évident, je suis fier de vous dévoiler ces lettres. Excusez le style parfois un peu enfantin et les références quelques peu douteuses (on retrouve encore ma fascination pour Beigbeder...) mais j'étais un jeune rebelle (avec un skyblog...) à l'époque, pas encore aguerri à l'art de l'écriture !
Première Lettre (novembre 2006)
Objet : Démissionner ! (Enfin !)
Madame, Monsieur,
Voici ma lettre de « démission » que je vous adresse afin de vous faire part de ma « démission », normal me direz vous étant donné que c'est une lettre de « démission ». Je trouve ce mot ridicule, étonnant quand on voit que je viens de l'utiliser trois fois dans la même phrase. Je ne vois pas en quoi mon départ peut s'apparenter à une démission mais bon vous m'avez demandé de vous adressez une « lettre de démission » et c'est désormais chose faite. Dans cette lettre, j'ai cherché à être original, clair, concis et surtout drôle comme mon idole (parler d'idole est peut être un peu exagéré mais je reconnais lire avec plaisir ces livres et admirer sa manière de s'exprimer lors de ses apparitions télévisées), Frédéric Beigbeder, qui je vous le rappelle a fait Science Po puis a été chroniqueur à Voici ce qui montre bien que le fait de rendre une dissertation digne d'un journaliste de Voici ou Gala n'est pas forcément une honte en soi vu que j'ai beaucoup d'estime pour Frédéric Beigbeder.
Dans un premier temps, j'ai pensé envoyer une feuille blanche avec juste écrit les mots « je démissionne ! » avec des lettres découpées dans un journal. C'est alors qu'est apparue la première difficulté. Quel journal prendre ? Le fait d'acheter le Figaro ou La croix m'aurait donné de l'eczéma, le Monde me semblait trop sérieux pour ce petit jeu, découper 20minutes ou Métro aurait dévoilé une certaine pingrerie et finalement il m'aurait déplu de découper Libération. C'est pour cela que j'ai abandonné cette idée somme toute assez ridicule. Cependant, je voulais absolument vous faire part de mon départ de manière peu conventionnelle. C'est alors qu'apparut l'idée de vous remettre un support audio ou vidéo. Mais là encore un problème apparaissait : Pouvait-on encore parler de lettre de démission en dehors du support écrit ? Changeant encore une fois mon fusil d'épaule, je suis arrivé au résultat suivant, résultat qui est, je vous le concède, largement inspiré du dadaïsme. Eh oui, prenant à cœur ma fort probable poursuite d'étude en médiation culturelle, j'ai profité des vacances de la toussaint pour me rendre au centre Georges Pompidou afin de voir l'exposition Dada. Je ne peux pas dire que j'ai forcément accroché mais j'ai eu un véritable coup de foudre pour les œuvres de Picabia qui est pour moi un véritable génie.
µ ==> lettre de démission
Bon d'accord, vous n'êtes pas obligés d'aimer mon humour mais reconnaissez que vous n'avez jamais reçu de lettre aussi originale. Enfin j'espère que le prof de maths appréciera mon geste : j'ai utilisé une lettre mathématique. D'autant plus qu'il y a un sens caché sous l'apparent non sens de la situation. Ainsi, les êtres éclairés comprendront que le véritable motif de ma démission est l'enseignement des mathématiques non adapté à mon piètre niveau. Je reconnais qu'il est un peu facile de mettre les mathématiques au cœur de mon échec en CPGE mais bon pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?? (hihihi j'ai beau avoir des chaussettes Shadock, je ne peux pas dire que j'adhère à 100% à leur célèbre proverbe !!!). Vous remarquerez que j'abrège volontairement le passage où je suis sensé analyser les différentes causes de mon échec car je pars du principe qu'il est trop tard pour revenir en arrière et je pense que l'entretien que j'ai eu avec Mme G. a été suffisamment révélateur à ce niveau là.
Voici venu le moment tant attendu des remerciements. Je vous rassure, il n'y aura pas de liste à rallonge comme lors des remises d'Oscars ou de César pour la simple et bonne raison que je n'ai pas de producteur qui a cru en moi. Ainsi, je tiens particulièrement à remercier Mme R. qui m'a permis de faire d'énormes progrès en anglais, M Drob. et M V. (oups il n'est plus là !!!) pour leur gentillesse, Mme C. pour les problèmes importants qu'elle soulève dans ses cours et M Da. même si je regrette mon manque de travail en fin de première année. Je crois n'avoir oublié personne ...
Avant de vous quittez définitivement, je voulais vous souhaiter une bonne continuation et une bonne fin d'année dans ce merveilleux établissement aux allures de prison ! J'ai remarqué en faisant mes courses au supermarché il y a quelques jours que les cadeaux de Noël étaient déjà dans les rayons et j'en profite donc pour vous souhaiter de joyeuses fêtes de fin d'année. D'ailleurs, j'aimerai bien que le père Noël m'apporte plein de cadeaux et donc si une personne qui lit cette lettre le connaît personnellement, qu'elle n'hésite pas à lui transmettre la liste ci-jointe (rassurez vous, je n'ai pas osé la joindre de peur de vous importuner avec du courrier inutile).
Monsieur le Proviseur,
Ne croyez pas que j'écris cette lettre pour vous harceler ou pour régler mes comptes avant de disparaître définitivement de votre vie. Ceci n'est donc ni un réquisitoire à l'encontre de votre lycée, ni un pamphlet cherchant à humilier qui que ce soit mais bel et bien le fruit de mon expérience au sein de votre établissement pendant quasiment un an et demi. Comme vous vous en doutez, cette expérience a été particulièrement négative et ma lettre ne sera peut-être pas forcément agréable à lire mais je tenais à l'envoyer afin que vous connaissiez le fond de ma pensée sans avoir recours à l'implicite comme dans mon premier courrier.
J'en profite donc pour revenir quelques instants à ma précédente lettre. Je tiens à préciser qu'elle avait une visée purement comique et originale et que rien ne laissait présager une telle réaction de la part de gens adultes et intelligents. Mais peut-être la susceptibilité de certain(e)s a t'elle été touchée ? N'étant pas d'un naturel susceptible, c'est quelque chose que je ne peux pas comprendre mais sans doute ces personnes ont-elles leurs raisons ? Sachez tout de même qu'elle a eu sur moi des bienfaits psychologiques non négligeables et que, encore aujourd'hui malgré les conséquences fâcheuses que son envoi a pu avoir, je ne regrette pas de vous l'avoir transmise. Cependant, j'ai vraiment du mal à comprendre comment des professeurs peuvent chercher à nuire volontairement à un élève. Le rôle de l'école n'est-il pas au contraire d'offrir une chance à chacun ? J'en conclus donc que je suis tombé sur des personnes taraudées par un profond mal-être dissimulé sous un vernis de bonne humeur qui aurait tendance à se craqueler lorsqu'elles sont touchées dans leur amour propre. En effet, on est en droit de s'interroger sur les compétences pédagogiques d'une personne qui prend un malin plaisir à rabaisser autrui pour pouvoir se mettre en valeur ... Je pense évidemment à Mme G. en écrivant ces lignes. Fort heureusement, je tiens à préciser que cette lettre n'est pas généralisable à tous les professeurs. Ainsi, je tiens à nouveau à remercier Mme R. et M Drob. pour tout ce qu'ils ont fait pour moi.
Cela nous amène à la question primordiale que je me pose et qui est la suivante : « Pourquoi l'administration de votre lycée ainsi que certains professeurs sont-ils aussi hautains à l'encontre des jeunes mais aussi de leurs parents ? ». Pensez-vous que mettre une telle barrière, un tel fossé entre les élèves et leurs professeurs ait un quelconque effet sur les résultats scolaires ou le comportement de vos élèves ? Pensez-vous que ceci ait une quelconque incidence sur le prestige de votre établissement ? Je vous laisse le choix de vos réponses mais je tiens à préciser que j'ai découvert bien plus d'humilité et de modestie chez vos « confrères » du lycée Schweitzer ou encore de la Sorbonne dont la réputation n'est pourtant plus à faire. Tout comme Rousseau dans Emile ou De l'éducation, je pense sincèrement qu'un système rigoriste nuit fortement à l'épanouissement personnel, mais aussi scolaire, de l'élève. La pédagogie ne préconise-t-elle pas l'écoute et la compréhension des élèves (en difficulté) ? C'est cette qualité d'écoute qui manque cruellement à votre établissement. Le lycéen, comme l'élève de prépa finalement, est traité sans aucune considération ... Il n'a pas son mot à dire et c'est pourquoi, dans mon premier courrier, j'ai eu recours au mot « prison » pour qualifier votre établissement, ce qui m'avait d'ailleurs été reproché. Je ne m'arrêterai pas aux éléments « visibles » (carte à l'entrée, sonnerie, « rondes » des surveillants, carré « fumeurs », interdiction de téléphoner ...) qui m'étaient totalement inconnus en arrivant en Seine-Saint-Denis mais qui semblent être monnaie courante dans les établissements de banlieue parisienne. J'aimerais donc vous rappeler un épisode qui m'a profondément marqué et que l'on pourrait rapprocher de certaines brimades policières. Ainsi, au mois de juin 2005, deux autres « étudiants » (Adrien F.et Sandrine H.) et moi-même avions été convoqués par le Proviseur adjoint de l'époque, M. L., et Mme G.. Ceux-ci nous ont fait patienter pendant près de deux heures dans la salle d'attente, sans aucune explication ni excuse ! C'est évidemment une situation devant laquelle on ne peut que s'indigner. Est-ce vraiment la meilleure manière pour un chef d'établissement d'asseoir sa suprématie ? De plus, le fait d'essayer d'empêcher les élèves de faire grève l'an dernier est pour moi une atteinte grave aux libertés du lycéen d'autant plus que leur mécontentement était parfaitement justifié au vu des textes Fillon. Je ne trouve pas de mot pour qualifier un tel comportement si ce n'est peut-être en détournant l'expression de George Orwell : « Big Proviseur is watching you ! ». Quoique. Est-ce vraiment le proviseur qui tire les ficelles dans cet établissement ? Ne se laisse-t-il pas plutôt manipuler par « l'intelligentsia boullochienne » (pour reprendre l'expression d'un de vos anciens professeurs) en manque de pouvoir ? Vous êtes le seul à pouvoir y répondre mais croyez-moi, vous aviez l'occasion de prouver au moins une fois que vous aviez un minimum d'autorité sur votre corps professoral ... Vous avez laissé passer cette occasion !
Veuillez accepter, Monsieur le Proviseur, mes vœux de bonne année les plus sincères. (Il faut reconnaître que la prépa laisse quelques traces d'hypocrisie par ci par là mais à qui la faute ?)
Voilà comment faire un nouvel article avec du vieux. Je suis le roi de la récupération. Dans quelques années, comme Gilles Lipovetsky (un auteur imposé en prépa), j'en arriverais à me citer moi-même, à auto-promouvoir mes propres propos. En plus, je dois bien admettre que résumer mon passage en classe prépa à ces deux lettres serait un peu péjoratif car j'y ai aussi vécu des moments exceptionnels. Outre le fait d'avoir pu quitter le cocon familial rémois, d'avoir pu affirmer mes goûts artistiques, d'avoir pu découvrir la capitale en long, en large et en travers, d'avoir pu voir 5 à 6 films au cinéma par semaine et plus du double en divx, d'avoir pu partir à Londres, la classe prépa m'a permis de rencontrer Damien, Mélissa et Hélène qui me sont très chers ainsi que d'autres personnes que je revois toujours avec plaisir !
Avant de quitter la prépa, Madame G., ma professeur d'économie, m'avait assuré que je n'aurai jamais le DEUG et encore moins la licence si je démissionnais. L'année dernière, j'ai invalidé la première moitié de sa phrase (tout juste je vous le concède) avant de rejoindre la Sorbonne et demain, c'est à moi de jouer pour contrecarrer la deuxième moitié ! Wait&See...
Voici venu le moment tant attendu des remerciements. Je vous rassure, il n'y aura pas de liste à rallonge comme lors des remises d'Oscars ou de César pour la simple et bonne raison que je n'ai pas de producteur qui a cru en moi. Ainsi, je tiens particulièrement à remercier Mme R. qui m'a permis de faire d'énormes progrès en anglais, M Drob. et M V. (oups il n'est plus là !!!) pour leur gentillesse, Mme C. pour les problèmes importants qu'elle soulève dans ses cours et M Da. même si je regrette mon manque de travail en fin de première année. Je crois n'avoir oublié personne ...
Avant de vous quittez définitivement, je voulais vous souhaiter une bonne continuation et une bonne fin d'année dans ce merveilleux établissement aux allures de prison ! J'ai remarqué en faisant mes courses au supermarché il y a quelques jours que les cadeaux de Noël étaient déjà dans les rayons et j'en profite donc pour vous souhaiter de joyeuses fêtes de fin d'année. D'ailleurs, j'aimerai bien que le père Noël m'apporte plein de cadeaux et donc si une personne qui lit cette lettre le connaît personnellement, qu'elle n'hésite pas à lui transmettre la liste ci-jointe (rassurez vous, je n'ai pas osé la joindre de peur de vous importuner avec du courrier inutile).
Seconde Lettre (janvier 2006)
Monsieur le Proviseur,
Ne croyez pas que j'écris cette lettre pour vous harceler ou pour régler mes comptes avant de disparaître définitivement de votre vie. Ceci n'est donc ni un réquisitoire à l'encontre de votre lycée, ni un pamphlet cherchant à humilier qui que ce soit mais bel et bien le fruit de mon expérience au sein de votre établissement pendant quasiment un an et demi. Comme vous vous en doutez, cette expérience a été particulièrement négative et ma lettre ne sera peut-être pas forcément agréable à lire mais je tenais à l'envoyer afin que vous connaissiez le fond de ma pensée sans avoir recours à l'implicite comme dans mon premier courrier.
J'en profite donc pour revenir quelques instants à ma précédente lettre. Je tiens à préciser qu'elle avait une visée purement comique et originale et que rien ne laissait présager une telle réaction de la part de gens adultes et intelligents. Mais peut-être la susceptibilité de certain(e)s a t'elle été touchée ? N'étant pas d'un naturel susceptible, c'est quelque chose que je ne peux pas comprendre mais sans doute ces personnes ont-elles leurs raisons ? Sachez tout de même qu'elle a eu sur moi des bienfaits psychologiques non négligeables et que, encore aujourd'hui malgré les conséquences fâcheuses que son envoi a pu avoir, je ne regrette pas de vous l'avoir transmise. Cependant, j'ai vraiment du mal à comprendre comment des professeurs peuvent chercher à nuire volontairement à un élève. Le rôle de l'école n'est-il pas au contraire d'offrir une chance à chacun ? J'en conclus donc que je suis tombé sur des personnes taraudées par un profond mal-être dissimulé sous un vernis de bonne humeur qui aurait tendance à se craqueler lorsqu'elles sont touchées dans leur amour propre. En effet, on est en droit de s'interroger sur les compétences pédagogiques d'une personne qui prend un malin plaisir à rabaisser autrui pour pouvoir se mettre en valeur ... Je pense évidemment à Mme G. en écrivant ces lignes. Fort heureusement, je tiens à préciser que cette lettre n'est pas généralisable à tous les professeurs. Ainsi, je tiens à nouveau à remercier Mme R. et M Drob. pour tout ce qu'ils ont fait pour moi.
Cela nous amène à la question primordiale que je me pose et qui est la suivante : « Pourquoi l'administration de votre lycée ainsi que certains professeurs sont-ils aussi hautains à l'encontre des jeunes mais aussi de leurs parents ? ». Pensez-vous que mettre une telle barrière, un tel fossé entre les élèves et leurs professeurs ait un quelconque effet sur les résultats scolaires ou le comportement de vos élèves ? Pensez-vous que ceci ait une quelconque incidence sur le prestige de votre établissement ? Je vous laisse le choix de vos réponses mais je tiens à préciser que j'ai découvert bien plus d'humilité et de modestie chez vos « confrères » du lycée Schweitzer ou encore de la Sorbonne dont la réputation n'est pourtant plus à faire. Tout comme Rousseau dans Emile ou De l'éducation, je pense sincèrement qu'un système rigoriste nuit fortement à l'épanouissement personnel, mais aussi scolaire, de l'élève. La pédagogie ne préconise-t-elle pas l'écoute et la compréhension des élèves (en difficulté) ? C'est cette qualité d'écoute qui manque cruellement à votre établissement. Le lycéen, comme l'élève de prépa finalement, est traité sans aucune considération ... Il n'a pas son mot à dire et c'est pourquoi, dans mon premier courrier, j'ai eu recours au mot « prison » pour qualifier votre établissement, ce qui m'avait d'ailleurs été reproché. Je ne m'arrêterai pas aux éléments « visibles » (carte à l'entrée, sonnerie, « rondes » des surveillants, carré « fumeurs », interdiction de téléphoner ...) qui m'étaient totalement inconnus en arrivant en Seine-Saint-Denis mais qui semblent être monnaie courante dans les établissements de banlieue parisienne. J'aimerais donc vous rappeler un épisode qui m'a profondément marqué et que l'on pourrait rapprocher de certaines brimades policières. Ainsi, au mois de juin 2005, deux autres « étudiants » (Adrien F.et Sandrine H.) et moi-même avions été convoqués par le Proviseur adjoint de l'époque, M. L., et Mme G.. Ceux-ci nous ont fait patienter pendant près de deux heures dans la salle d'attente, sans aucune explication ni excuse ! C'est évidemment une situation devant laquelle on ne peut que s'indigner. Est-ce vraiment la meilleure manière pour un chef d'établissement d'asseoir sa suprématie ? De plus, le fait d'essayer d'empêcher les élèves de faire grève l'an dernier est pour moi une atteinte grave aux libertés du lycéen d'autant plus que leur mécontentement était parfaitement justifié au vu des textes Fillon. Je ne trouve pas de mot pour qualifier un tel comportement si ce n'est peut-être en détournant l'expression de George Orwell : « Big Proviseur is watching you ! ». Quoique. Est-ce vraiment le proviseur qui tire les ficelles dans cet établissement ? Ne se laisse-t-il pas plutôt manipuler par « l'intelligentsia boullochienne » (pour reprendre l'expression d'un de vos anciens professeurs) en manque de pouvoir ? Vous êtes le seul à pouvoir y répondre mais croyez-moi, vous aviez l'occasion de prouver au moins une fois que vous aviez un minimum d'autorité sur votre corps professoral ... Vous avez laissé passer cette occasion !
Veuillez accepter, Monsieur le Proviseur, mes vœux de bonne année les plus sincères. (Il faut reconnaître que la prépa laisse quelques traces d'hypocrisie par ci par là mais à qui la faute ?)
Voilà comment faire un nouvel article avec du vieux. Je suis le roi de la récupération. Dans quelques années, comme Gilles Lipovetsky (un auteur imposé en prépa), j'en arriverais à me citer moi-même, à auto-promouvoir mes propres propos. En plus, je dois bien admettre que résumer mon passage en classe prépa à ces deux lettres serait un peu péjoratif car j'y ai aussi vécu des moments exceptionnels. Outre le fait d'avoir pu quitter le cocon familial rémois, d'avoir pu affirmer mes goûts artistiques, d'avoir pu découvrir la capitale en long, en large et en travers, d'avoir pu voir 5 à 6 films au cinéma par semaine et plus du double en divx, d'avoir pu partir à Londres, la classe prépa m'a permis de rencontrer Damien, Mélissa et Hélène qui me sont très chers ainsi que d'autres personnes que je revois toujours avec plaisir !
Avant de quitter la prépa, Madame G., ma professeur d'économie, m'avait assuré que je n'aurai jamais le DEUG et encore moins la licence si je démissionnais. L'année dernière, j'ai invalidé la première moitié de sa phrase (tout juste je vous le concède) avant de rejoindre la Sorbonne et demain, c'est à moi de jouer pour contrecarrer la deuxième moitié ! Wait&See...
2 commentaires:
Et vu que je suis dans la série je me la pète, voici le mail que m'avait envoyé mon ancien professeur d'Histoire :
Hey,
Alors là, je dis CHAPEAU ! Sérieux, ta lettre, elle déchire grave, c clair qu'ils n'en recevront pas deux comme ça, et puis heureusement, car vu leur manque d'humour, ils risqueraient de se faire des noeuds au cerveau, si, dans un dernier élan de conscience, présumée professionnelle, ils tentent de comprendre ton discours.
Moi aussi j'adore Beigbeder (g relu "l'amour dure 3 ans", c excellent) et j'adore aussi Houellebecq ("Extension du domaine de la lutte" : excellent !)...
Je suis heureux de voir qu'il y encore un peu d'esprit contestataire dans "la relève", je me sens un peu moins seul, par génération interposée. Moi qui avait fait trembler l'intelligentsia boullochienne lorsque j'avais refusé de revêtir l'uniforme du prof de classe prépa (costume cravate) lors de mon inspection il y a deus ans. Résultats des courses, j'ai été le seul à avoir eu les Félicitations du Doyen de l'Inspection Générale, félicitations qu'il n'a mises que 2 fois dans toute sa carrière, sur plus de 4000 inspections, ce qui m'a valu donc ma mutation prestigieuse en Classes Prépas au lycée Turgot de Paris.
Même si je pense que l'énergie que tu as du déployer pour écrire cette lettre est un immense gâchis, car c'est donner de l'avoine à des gorets (on alors, comme on dit en Birmanie, "autant jouer de la harpe à un buffle"), mais ça a du avoir une fonction exutoire et tu ne pars pas sur des non-dits. Tu as eu le courage de tes opinions et en plus tu n'as pas cédé à la facilité de la haine ou de l'injure, tu as transcendé tous tes ressentis négatifs par un propos drôle, expression ultime de l'intelligence (quand les gens vont dans le caniveau, ça ne sert à rien d'y aller avec eux...).
Ca m'a vraiment fait plaisir de lire ta prose et tu peux être fier de toi, quoi qu'il advienne par la suite : tu a été toi, et à mon sens, c très important dans la vie de savoir être et surtout rester soi, sinon on se perd, on se dilue dans la masse et... On disparaît.
Comme le disait Jules Renard : "Etre contesté, c être constaté".
Keep in touch et encore toutes mes congratulations.
Take care
Gilles
Moi aussi je suis un contestataire, j'écris des coms en live de mon travail d'été (du mois de septemebre où il fait un temps d'automne...). Bref, ça m'a fait plaisir de relire ces deux lettres, ça me fait toujours autant rire et me rappelle des souvenirs sur ces deux années parfois pleines d'hypocrisie...ah quand la reminiscence permet de faire jaillir nos souvenirs (c'était une phrase pour me mettre à ton niveau lol).
Et la réponse du fameux monsieur V.
ahaha il était trop bon ce prof le meilleur que j'ai eu durant ma scolarité ( et je ne dis pas ça parce qu'il ne me mettait jamais en dessous de 17, relevons tout de même que ces notes - 17 ou 18 - était révélatrice de mon niveau exceptionnel puisque accordées par le seul professeur sur 4000 à avoir reçu les félicitations du doyen)-->bon j'arrete avec l'autocongratulation que tu as cité plus haut dans ton article !
En définitif article magnifique et qui, pour ceux que tu adores de la prépa, fait trés trés rire, on comprend le sens cachés des mots (ce qui n'est pas forcément très simple en lisant Zola et cie).
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