Il y a quelques mois, Beaubourg organisait une exposition sur une oeuvre littéraire, en l'occurence celle de Samuel Beckett... Moyennement convaincu, j'attendais avec impatience de voir comment les conservateurs allaient réussir à mettre en valeur une oeuvre cinématographique... Ils ont donc décidé de rapprocher deux cinéastes nés la même année (1940), Abbas Kiarostami et Victor Erice. Je ne connais ni l'un ni l'autre... C'est un comble qu'un cinéphile comme moi n'est jamais eu l'occasion de voir un de leurs films... surtout que la filmographie de Victor Erice se résume en tout et pour tout en 3 longs-métrages...
J'ai commencé du côté de Victor Erice, sur la droite quand on entre dans l'exposition... J'ai vu deux courts-métrages qui m'ont donné envie de découvrir sa filmographie... Le premier court-métrage, Enfantement, est superbe... Je suis vraiment séduit par tant de lyrisme et de poésie... Le deuxième, La Morte Rouge, est très personnel... Victor Erice y aborde l'impact d'un film sur un enfant... C'est à la fois drôle, poétique et incroyablement juste au niveau du ton... Les images, le montage et la mise en scène sont une véritable réussite... Sans parler du franquisme en arrière-plan historique qui donne une réelle profondeur politique à son oeuvre... Vivement que je découvre ses longs métrages... Entre les deux courts-métrages, le réalisateur espagnol sonorise des oeuvres du peintre Antonio Lopez... Les oeuvres sont assez laides et le son n'apporte pas grand chose...
Du côté d'Abbas Kiarostami, c'est le coup de foudre... Alors que je ne suis pas du tout sensible à la photographie en temps normal, j'ai eu un véritable coup de foudre pour sa série Rain et dans une moindre mesure pour la série Roads... Assez intrigué aussi par sa forêt... En revanche, encore une fois, j'ai un peu de mal avec les vidéos projetées... Sleepers est une vidéo de 90 minutes où l'on voit un couple dormir et un extrait de Ten Minute Older montre un bébé en train de dormir... Et il ne se passe rien... J'ai vraiment beaucoup de mal avec ce genre d'installations...Au confluent des deux univers, on découvre la correspondance "vidéo" qu'il y a eu entre les deux hommes pendant les années qui ont précédées l'exposition... Pas de quoi se relever la nuit... C'est chiant à mourir, le visiteur ne peut que rester hermétique à leur délire artistique, les vidéos ne sont pas d'une qualité exceptionnelles... Bref, les correspondances, qui constituent pourtant le leitmotiv de l'exposition, ne valent pas grand chose... Et je ne suis pas sûr d'avoir bien saisi les points qui rapprochent les deux hommes...
Une exposition pour étudiants péteux en fac de cinéma... mais qui présente quand même quelques éléments dignes d'intérêt !