Je viens de voir l'une des meilleures expositions du moment, qui s'achève malheureusement lundi soir. Il s'agit de l'exposition baptisée Allemagne, les années noires au Musée Maillol, une exposition qui se propose de revenir sur le travail d'artistes allemands pendant et après la première guerre mondiale. Une exposition affreuse, hideuse où l'horreur est transcendée pour devenir beauté ! Le génie d'artistes comme Otto Dix, George Grosz ou Max Beckmann parvient à sublimer l'horreur de la guerre. La première salle au rez-de-chaussé reste le point d'orgue de cette démonstration morbide. Les cinquantes gravures d'Otto Dix réunies sous le nom La Guerre sont tout simplement sidérantes. Il s'attache à dévoiler l'abomination de la guerre, son pouvoir de destruction inégalée en dessinant des corps mutilés, des visages meurtris et angoissés. Autour, les oeuvres de Grosz et Beckmann sont également saisissantes. Autre moment fort de l'exposition, la série de cartes postales envoyées par Otto Dix à son amie Hélène Jacob, une expérience unique dans l'Histoire de l'Art. En effet, Otto Dix servit en première ligne pendant la guerre, tuant des milliers de soldats français en poste sur sa mitrailleuse. Ces cartes sont le témoignage de l'horreur qu'il vit au quotidien. Puissant et terrifiant.A l'étage sont exposées des oeuvres réalisées après la guerre pour démontrer la vacuité du quotidien sous la République de Weimar. Usage de la parodie pour George Grosz, ton réaliste pour Otto Dix mais un seul but : dénoncer la laideur qui s'est abattue sur le monde après la guerre. N'hésitant pas à forcer le trait, ils s'emparent des gueules cassées et autres mutilés de guerre mais aussi des prostituées monstrueuses, des bourgeois enrichis, des militaires haineux... Autant de symboles qui conduiront l'Allemagne au fascisme et le Monde à la guerre.Exposition brillante, surprenante, passionnante, édifiante qui nous plonge au coeur du premier conflit marquant du XXème siècle... A mi-chemin entre l'expressionnisme allemand, le cubisme et le futurisme, les oeuvres présentées marquent les esprits et risquent de rester longtemps dans ma mémoire. Une plongée au coeur de la guerre pour en saisir l'horreur intemporelle...