Culturellement parlant, je frise la perfection. Pourtant, j'ai néanmoins un péché-mignon qui fait tâche dans mon cœur de gauchiste, je suis pétri d'admiration pour le théâtre de Yasmina Reza. J'ai lu quasiment toutes ses pièces et j'étais donc enchanté d'aller voir Le Dieu du Carnage, sa dernière création, mise en scène par l'auteur au Théâtre Antoine. Ravi de voir sur scène évoluer ses personnages passionnés prendre vie, de voir les mots si subtilement choisis s'élever dans les airs, d'entendre les rires d'un public conquis par les situations cocasses et les répliques particulièrement bien trouvées. Car Le Dieu du Carnage est une très bonne pièce qui m'a fait rire du début à la fin. Emmenée de manière assez géniale par Isabelle HUPPERT mais aussi André MARCON, Valérie BONNETON et Eric ELMOSNINO, la pièce prend vie et se transforme en satire sociale... Une couple "bobo de gauche" s'oppose à un couple "connard de droite" et il en découle une série de prises de tête assez mémorable ! Même au théâtre, aucune entente n'est possible entre deux visions du monde aussi radicalement différentes ! Mais toute la pertinence de la pièce, c'est que finalement, on déteste tour à tour tous les personnages car ils sont profondément humains avec quelques qualités mais surtout beaucoup de défauts ! Cynique souvent, nihiliste parfois, la pièce n'en reste pas moins un divertissement croquant/craquant ! Dommage que la mise en scène de Yasmina Reza soit un peu plate, la pièce aurait gagnée à être un peu plus énergique ! Mais il faut bien reconnaitre que j'ai passé 1H30 de folie bien que je fus entouré de jeunes pouffiasses blondasses et autres sexagénaires bourgeois haïssable ! Mais ce qui me rassure, c'est que moi je ne finirais pas comme ça, car moi, j'étais Place de la République une heure plus tôt pour soutenir les mal-logés, pour demander au gouvernement de tenir ses promesses en matière de logement...