Voilà de Philippe Minyana est une pièce drôle et touchante car elle rappelle forcément des petits bouts de nos vies personnelles. Il se fait une joie de croquer avec acidité et légèreté le fameux rituel du dimanche : la visite à des proches qui ne sert qu'à maintenir des liens rassurants avec le passé. Flirtant entre réalisme et absurde, la pièce nous plonge pendant une heure et demi dans la vie de quatre amis. Philippe Minyana peut ainsi explorer avec un regard bienveillant la vacuité de notre existence, le ressassement de la vie quotidienne, l'incommunicabilité des êtres et le temps qui passe. Oscillant entre la tragédie de la vie ("ll ne faut pas laisser le passé submerger le présent sinon on va à la salle de bains se couper les poignets") et le comique de répétition/situation/réflexion, la pièce est une bouffée d'oxygène qui m'a néanmoins un peu laissé sur ma faim. La mise en scène minimaliste (dans un décor monobloc ringard) de Florence Giorgetti au Théâtre du Rond-Point manque parfois de souffle. Les passages musicaux m'ont davantage agacés qu'émoustillés (sauf peut-être celui où leur conversation couverte par la musique est projetée sur le mur du fond). Et puis certains passages paraissent clairement artificiels. Heureusement que les acteurs sont très bons, notamment Nicolas Maury aussi irritant que brillant. Chacun a son grain de folie, sa propre tonalité dramatique et comique ce qui permet à la pièce de brosser un portrait aussi juste qu'amusant, à défaut défaut d'être vraiment touchant dans l'intimité.