19 mai 2008

Trace(s) du Sacré

Max Ernst

L'exposition Traces du Sacré à Beaubourg est une exposition ambitieuse, terriblement ambitieuse, peut-être même un peu trop ambitieuse. Il en résulte un parcours long, dense et riche où l'on retrouve aussi bien le romantique allemand Caspar David Friedrich que l'artiste contemporain Damien Hirst, où l'on découvre aussi bien un travail littéraire qu'un travail plastique ou vidéographique. L'exposition revendique clairement sa pluridisciplinarité et son éclectisme déstabilisant. De cette manière, elle cherche à interroger l'influence de la spiritualité dans l'art du XXe siècle. Dans un monde où la sécularisation affaiblit progressivement les diverses croyances et religions, l'art est devenu la réponse aux questions que l'homme est amené à se poser, les questions de l'existence et de la mort. L'exposition brasse large, essaye de rattacher tant bien que mal certaines oeuvres à des thématiques assez singulières et pas toujours très judicieuses. Les salles sont de taille assez réduite et l'accumulation d'oeuvres (plus de 350 oeuvres de 200 artistes classiques, modernes et contemporains) rend la déambulation difficile. Pourtant, si l'on oublie le cadre « pédagogique » de l'exposition, on peut prendre un plaisir fou à errer parmi les oeuvres rassemblées, des oeuvres que l'on a pas l'habitude de voir, des oeuvres étranges et étonnantes, des oeuvres qui marquent. Les commissaires d'exposition réécrivent l'histoire de l'art sous un angle nouveau, un angle que ne renierait aucun des artistes réunis, que ça soient les surréalistes, les artistes de la nouvelle objectivité, les expressionnistes abstraits ou encore Yves Klein dont un magnifique monochrome clôt l'exposition. Ce sont des artistes qui ont un rapport étroit à la religion et au mysticisme, des artistes qui doivent beaucoup à la fin du religieux car ils ont toujours conçu leur art comme une redéfinition de l'homme face à la sécularisation de la société. On y découvre pêle-mêle avec enchantement les premières oeuvres de Mark Rothko, Barnett Newman et Jackson Pollock, des oeuvres trash d'Otto Dix et George Grosz, des dessins hallucinants d'André Masson ou Odilon Redon, des toiles magnifiques de Francis Bacon ou Edvard Munch, des oeuvres sidérales et sidérantes de Damien Hirst, des oeuvres surréalisantes de Victor Brauner, Salvador Dali ou André Breton, une toile épatante de Gérard Garouste, des oeuvres étranges de Frantisek Kupka, Malevitch ou Rudolph Steiner, des oeuvres dérangeantes de Man Ray ou Max Ernst, des vidéos intrigantes de Pierre Huygues ou Marina Abramovic, l'Adam et Eve transcendant de Marc Chagall... Pas de véritable définition du sacré mais une belle exposition d'oeuvres surprenantes qui peut à mon avis aussi séduire que repousser... Une exposition qui, sans parvenir à son niveau, s'approche, de par sa démarche, de l'exposition Mélancolie qu'il y avait eu au Grand Palais il y a quelques années...
Francis Bacon

Un dossier à lire pour s'y retrouver un peu...