28 novembre 2008

Le Futurisme à Paris, une avant garde explosive

A Beaubourg, les commissaires ont ouvert leur espace d'exposition au futurisme à l'occasion du centenaire de la publication du Manifeste du Futurisme. J'avoue humblement ne connaître que très superficiellement ce mouvement artistique et surtout n'en connaître que les aboutissants politiques et notamment le ralliement au fascisme de ses artistes les plus en vue.

Malheureusement, il ne faut pas compter sur cette exposition , baptisée Le Futurisme à Paris, une avant-garde explosive, pour en apprendre davantage sur le futurisme. Dans les premières salles, on retrouve des oeuvres cubistes – magnifiques au demeurant - de Picasso, Braque, Gris, Metzinger censées montrer en quoi le cubisme a fortement influencé le futurisme. Celui-ci ne s'en cache vu que son manifeste place le mouvement ouvertement en guerre contre le cubisme. Puis nous débouchons sur une installation de Jeff Mills, ridicule insertion vidéo d'un artiste contemporain américain, sans rapport aucun avec le sujet de l'exposition. J'ai du mal à comprendre la pertinence de cette oeuvre, intégrée entre le Manifeste du futurisme et la salle exposant les toiles futuristes.

Parce que le futurisme n'occupe qu'une salle dans cette exposition, salle centrale regroupant l'exposition des peintres futuristes italiens à la galerie Bernheim Jeune&Cie, des oeuvres de Boccioni, Carra, Russolo et Severini. Le reste de l'espace est occupé par des variations autour du futurisme, l'influence qu'est susceptible d'avoir eu le mouvement sur des mouvements aussi épars que la Section d'Or, le cubo-futurisme russe, le vorticisme anglais, l'orphisme et le synchronisme et des artistes aussi différents que Marcel Duchamp, Malévitch, Delaunay, Percy Wyndham Lewis, Kupka, Léger... Sans oublier les soit-disant hybridations qui révèlent l'influence du futurisme sur les cubistes Delaunay, Gleizes, Gris ou Metzinger. Autant l'influence du cubisme sur le futurisme est irréfutable, autant l'inverse est pour le moins douteux.

Les commissaires ont voulu faire neuf expositions en une. Mais malheureusement, c'est un raté intolérable, tiré par les cheveux artistiquement et décevant scénographiquement avec cette pressante sensation de vide - vide d'oeuvre, vide de sens - une fois franchi le seuil de l'exposition.


A noter également à Beaubourg en ce moment, l'exposition Villeglé ainsi qu'une création assez amusante de Damian Ortega (Champ de vision) qui vaut le coup d'oeil - et ceux qui l'ont vu apprécieront doublement le clin d'oeil - et une présentation de créations du designer Ron Arad baptisée No Discipline. Même si je ne suis que moyennement sensible à ce genre d'expositions, il faut bien reconnaitre que la scénographie est exemplaire et que certains fauteuils sont vraiment délirant...