18 mars 2009

Séraphine et L'Avant-Garde Russe

Faisant preuve une fois de plus d'une ouverture d'esprit à toute épreuve, je me suis enfin décidé à aller voir les deux expositions diamétralement opposées présentées au même moment au Musée Maillol, et ce pour encore quelques jours. Je reconnais que je ne me serais pas déplacé pour l'une ou pour l'autre des deux expositions. Mais la combinaison des deux, aussi intrigante qu'intéressante a finalement réussie à me séduire.La première des deux expositions présente L'avant-garde russe dans la collection Costakis. Costakis, d'origine grecque, fut pendant longtemps chauffeur auprès de différentes ambassades à Moscou. Il se découvrit alors une passion pour l'art alors que rien ne l'y prédestiné. Effectivement, il faut savoir qu'après la seconde Guerre Mondiale, alors que la Russie Soviétique célèbre le Réalisme Socialiste, les peintres avant-gardistes du début du siècle tombe en désuétude. Ils sont pourtant les symboles de différents mouvements qui témoignent de l'effervescence artistique suite à la Révolution d'Octobre 1917. Ce sont ces peintres que Costakis achète alors pour une bouchée de pain jusqu'à constituer une collection rassemblant 1277 peintures, dessins, aquarelles, constructions, porcelaines des plus importants artistes de l'avant-garde russe : Malévitch, Popova, Tatline, Rodtchenko, Iklioune, Kloustis, Nikritine, Redko et bien d'autres... Une bonne occasion pour moins de revoir des oeuvres superbes de Rodtchenko que j'admire énormément mais aussi de découvrir des artistes moins connus mais assez incroyables que sont Tatline et Nikritine. A travers une scénographie claire et chronologique, le Musée Maillol nous ouvre les yeux sur une période féconde qui a vu l'émergence de nombreux talents.La seconde exposition rassemble des toiles – pour la plupart issues des collections du Musée de Senlis – de Séraphine de Senlis, peintre inconnue désormais archi-célèbre depuis le couronnement de Séraphine avec Yolande Moreau aux César. Une vingtaine de toiles au maximum montrées au deuxième étage du Musée permette de se replonger avec plaisir dans le biopic simple et efficace de Martin Provost. Des tableaux se dégagent une lumière éclatante – grâce aux pigments qui offrent des couleurs tout bonnement incroyables – mais on est loin de la force quasi-mystique qui émane du film. Le traitement reste assez scolaire et les thèmes rébarbatifs. Pas forcément un coup de coeur – en même temps, je ne faisais guère d'illusions, c'est bien pour ça que j'ai attendu les derniers jours pour m'y rendre – mais je ne regrette pas d'avoir pu voir « pour de vrai » le travail de cette Douanier Rousseau au féminin.