J'aime entamer un nouveau pot de Nutella. Dévisser le couvercle. Percer l'opercule comme un barbare, avide d'étancher ma soif de chocolat, impatient d'assouvir mon envie de noisettes. Après une lutte acharnée pour éliminer toutes les traces de cette enveloppe dorée, le Nutella apparaît : vierge, immaculé, net. Un concentré de plaisir encore intact. Un délicat effluve commence déjà à s'échapper du pot à la forme mythique, reconnaissable par tous. Personne n'y a encore planté son couteau. Personne n'y a introduit sa cuillère. Personne n'y a glissé son doigt. La surface lisse est une promesse de pur bonheur, de ravissement innocent, de félicité candide. Sept-cent cinquante grammes d'euphorie légalement vendus dans toutes les grandes surfaces m'attendent. Sept-cent cinquante grammes d'extase à un prix défiant toute concurrence se languissent de moi. Délicatement, j'aime enfoncer ma cuillère dans cette masse exquise, assurance d'une ivresse prochaine, espoir d'une exaltation immédiate. Ce premier coup de cuillère vient troubler la quiétude du contenant, la sérénité du contenu. Puissant, il vient ôter la pureté, arracher la virginité de cette naïve "pâte à tartiner au chocolat et aux noisettes" créée par Ferrero, bien loin de se douter des désirs qu'elle suscite. Dès lors, le pot se transforme en un véritable champ de bataille. Tous les coups sont permis pour atteindre un plaisir égoïste. Le Nutella tente vainement de résister, se fait dur contre la lâcheté de ma cuillère ou docile face à la rugosité de mon doigt. Après un combat perdu d'avance qui dure deux jours, deux semaines ou deux mois, il finit par rendre l'âme, absorbé, englouti, digéré par mon être victime de ses instincts primaires. Mais tout au long de cet affrontement culinaire, de ce conflit sensoriel, aucun coup porté ne me procure autant de plaisir que la première cuillère de Nutella, gorgée de promesse d'un monde meilleur.
11 commentaires:
Je trouve ton association formidable: Fontana et Nutella. Bravo! ;-)
Quelle prose !
J'avais jamais vu le Nutella ainsi !
Chapeau bas, j'aime beaucoup.
A bientôt.
j'avoue je suis a 100 % avec toi sur le coup de l'ouverture et la première cuillère.
MIAMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMM
"Sept-cent cinquante grammes d'euphorie légalement vendus dans toutes les grandes surfaces m'attendent. "
MERCI!!!!!!
Sabine
http://justarrived.canalblog.com/
Le pire c'est que tu n'as jamais gouté a du Nutella vendu en pot de 3 kilos ou 1,5 kilos... Sache en tout cas, que cela décuple le plaisir...
LA nutella!!
J'aime pas le Nutella.
Le monde se divise en deux catégories de personnes, celles qui aiment le chocolat noir, le camembert au lait cru, les confitures de myrtilles et ceux qui préfèrent des saloperies industrielles dont le Nutella est l'archétype.
Derrière ce constat anodin, il existe un véritable clivage entre les gens qui ont du goût et ceux qui n'en ont pas, les gens qui ont de la culture et ceux qui n'en ont pas, les gens qui méritent de vivre et les autres.
Je méprise tous ceux qui ont du Nutella dans leur frigo.
Toute ressemblance avec... bla bla bla...
Cécile Qd9, Le Nutella ne se met JAMAIS dans le frigo... Cela le durcit et le rend de ce fait moins bon. Donc tu ne méprises au final que très peu de monde car tous les amateurs de Nutella savent que ça ne se met pas dans un frigo mais dans un endroit sec.
Et on peut aimer le Nutella ET la confiture de myrtilles...
Delerm et sa gorgée de bière revisités façon Nutella. On peut aimer ça, après tout.
Tout de même, sous la vignette digestive, on aperçoit bien des trucs dont a parlé un certain docteur Freud…
Oranou : ah tiens, quelqu'une m'a fait la même remarque chez moi :
http://ceciledequoide9.blogspot.com/2009/03/lectures-bloggesques-de-la-semaine-13.html
Devant tant de science gastronomique, je m'incline (et puis finalement ça me convient de ne mépriser que peu de monde)
Pas grave mais je n'en mange pas
Il faut parfois faire attention : la gourmandise de Nutella peut couter cher. La preuve dans les faits. :-/
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