C'est avec une heure de retard que nous avons décollé de Paris. Salariés non-payés, avions immobilisés par ADP, Sky Europe bat de l'aile (un comble pour une compagnie aérienne) et semble vivre ses dernières heures. Arrivés sur place, nous rejoignons notre auberge, le Patio Hostel, immense lieu de villégiature à deux pas du centre où se retrouvent des touristes venus de tous les horizons. Après avoir dégusté d'infâmes pâtes au sucre (un concept à lancer à mon avis, tout le monde sait que les plus grandes recettes ont été découvertes par accident ; ici, une terrible méprise sur le pot contenant de petits grains blancs à disposition dans la cuisine), restes de mon frigidaire à consommer rapidement, nous nous lançons à la découverte de la capitale de la Slovaquie. Minuscule capitale de la Slovaquie. Autant dire qu'il n'y a pas grand chose à voir. Le périple commence en douceur. Le seul point d'intérêt est la magnifique petite Église bleue qui mérite à elle seule le détour (et peut-être aussi le Musée Milan Dobes et son entrée au tarif prohibitif de 0,17 euros !^^). En revanche, le château qui surplombe la ville (et qu'on peut retrouver sur les euros slovaques émis depuis le premier janvier) est vraiment moche. Sorte de carré immonde, couvert sur trois de ses quatre flancs par d'inconvenants échafaudages. Et, hormis les trois-quatre rues piétonnes bordées de bars et de restaurants (et le monument réalisé en hommage aux soldats de l'Armée Rouge, morts pendant la libération de la Slovaquie du joug nazi !^^), il faut bien reconnaître que la ville ne brille pas pour son architecture sans aucun style et aucune cohérence. Après avoir déambulé dans les rues et siroté des pintes de bière (pivo) à un euro (en reluquant les belles blondes slovaques déambulant devant nos yeux ébahis ; le leitmotiv de notre périple dans l'est), nous pénétrons dans notre QG, le mythique KGB (Krcma Gurmanov Bratislavy), royaume de la mal-bouffe et de la friture dévorées sous l'œil bienveillant de vieilles gloires communistes.Le lendemain, nous prenons le bateau pour nous rendre au Château de Devin à quelques kilomètres en amont. La traversée est tellement longue, chiante et inintéressante que nous renonçons à entreprendre le voyage en bateau pour nous rendre à Vienne, notre future destination. Sur place, quelques ruines et une grosse averse. En rentrant sur Bratislava, j'en profite pour acheter mon premier paquet de cigarettes de ma vie. Des Petra. Quitte à fumer, autant fumer local. Après avoir mangé dans un bouiboui végétarien (en sirotant un jus d'herbe et un jus de carottes, beurk !) et visiter la Cathédrale Saint-Martin franchement pas inoubliable, nous nous lançons dans un périple en direction du Danubiana, musée d'art moderne situé à une quinzaine de kilomètres du centre. Pour cela nous devons prendre un bus à la gare routière. Après avoir repéré le bon bus, nous y prenons place. La route est longue. Plus d'une demi-heure à travers la campagne slovaque. Et c'est là que les ennuis commencent et que nous connaissons notre première mésaventure : le bus ne s'arrête pas à l'arrêt prévu et roule pendant plus de dix minutes (dix minutes interminables, sur une route monotone longeant l'immense barrage entravant le cours du Danube) avant de nous déposer dans un bled paumé où personne ne parle anglais. Cela ne semble poser aucun problème de conscience à notre chauffeur bien qu'il nous ait certifié qu'à 19h plus aucun bus ne passe pour Bratislava depuis cet arrêt. Lâchés en pleine campagne slovaque, nous commençons à perdre espoir et je culpabilise légèrement d'avoir trainé François dans cette galère. Heureusement, alors que nous longions la route nationale, nous sommes dépassés par une vieille bagnole bleue défoncée de partout qui s'arrête ensuite à notre hauteur. Nous reconnaissons une jeune fille qui était dans le bus avec nous. Elle nous explique que le chauffeur est un con et que son père accepte de nous déposer au musée. Sauvés, nous sommes sauvés. Dix minutes de route dans l'autre sens et nous arrivons enfin au musée, à 30 minutes de sa fermeture, non sans avoir eu quelques frayeurs au contact du père qui ne paraissait pas particulièrement tendre. Une visite au pas de course de l'immense jardin de statues et de l'exposition temporaire consacrée à Combas (un français connu en Slovaquie, incroyable !) et nous devons déjà songer à retourner dans le centre. Autant dire que nous ne sommes pas au bout de nos peines. L'aventure ne fait que commencer et heureusement, nous sommes réconfortés par un superbe coucher de soleil sur le Danube. Nous sommes obligés de marcher (après plusieurs tentatives de stop avortées) pendant plusieurs kilomètres avant de rencontrer âme qui vive. Lorsque nous demandons comment faire pour rejoindre Bratislava, les seules réponses que les autochtones nous apportent sont : « mais vous êtes à Bratislava !». Effectivement, bien que nous nous trouvions au milieu de nulle part à plus de quinze kilomètres du centre, nous sommes toujours dans les limites géographiques, cadastrales de la ville. Heureusement, nous finissons par trouver un bus nous ramenant à Novy Most, le pont surmonté d'un ovni délabré. Pour nous remettre de nos émotions, nous retournons au KGB et sa friture légendaire (champignons frits pour François, pommes de terre frites pour moi). Un petit verre de slivovice (alcool de prune) et quelques bières (Mnich, Kozel, Pilsner...) plus tard, nous pouvons retrouver notre lit après cette longue journée.
2 commentaires:
Les galères les plus pourries font les meilleures anecdotes !!! C'est déjà ça :)
C'est bien vrai ! ;)
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