14 octobre 2009

Jeter l'encre

George Grosz

J'aimerais être un marin. J'aimerais voguer aux quatre coins du monde, naviguer sur toutes les mers, bourlinguer sur tous les océans. Ne pas poser le pied à terre pendant des jours, des semaines, des mois. Vivre à huis clos. Le bateau serait mon territoire. J'en connaitrais les moindres recoins. Je saurais où me cacher pour ne pas être découvert, pour avoir la paix, m'isoler du reste de l'équipage pendant quelques heures. Échapper aux blagues salaces et aux branlettes collectives pour me plonger dans un roman d'aventure avec un verre de vin blanc à la main. Développer mon imagination pour me suffire à moi-même. Pouvoir me raconter des histoires et les coucher ensuite sur le papier. Pas pour les partager, juste pour ne pas les oublier. Prendre plaisir à me relire. Me trouver brillant, presque. Parfois le navire ferait une escale de quelques heures pour décharger quelques containers, ravitailler les cuisines, faire le plein de gazole jusqu'à la prochaine étape. En posant le pied sur le sol, j'aurais du mal à marcher, je tituberais (pour une fois ça ne sera pas à cause de l'alcool) mais promptement je retrouverais mes repères. J'irais acheter quelques livres à la librairie du port. Un cahier vierge aussi. J'en profiterais également pour aller tirer mon coup. Une fille dans chaque port. Pas seulement le rêve d'un adolescent frustré. Une réalité. Ma réalité. Et puis je repartirais braver les tempêtes, échapper aux pirates, éviter les icebergs qui se détachent à cause du réchauffement climatique. Sans jamais regarder derrière moi. Sans jamais regretter ceux que j'ai laissés sur la terre ferme. J'aimerais être un marin. Pour boire nuit et jour. Cela accroitrait ma créativité. Rapidement je couvrirais des dizaines de pages de mon écriture enfantine, de petits caractères aux formes arrondies, presque illisibles. J'aimerais être un marin. Avec des tatouages. Une ancre sur la tempe. Personne n'en comprendrait le sens. Je serais le seul à en connaître l'explication. Le seul à savoir qu'il est tellement plus facile de jeter l'encre que de jeter l'ancre.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

En attendant je n'irai plus sur ton blog tant que tu n'auras pas enlevé cette photo de toi en en-tête, genre Sarkozy-bling-bling-sur-son-bateau, espèce de marin d'eau douce, bachibouzouk, ectoplasme !!!

Antoine a dit…

Pas du tout bling-bling, c'est une photo prise lors de la croisière la plus révolutionnaire de Corse : un équipage complètement allumé qui allumait toutes les stars et politiques qui ont une villa entre Porto Vecchio et Bonifacio, et il y en a beaucoup, notamment la fameuse villa de Christian Clavier qui a elle seule a monopolisé toutes les attentions pendant 10 minutes ! Je conserverai donc encore quelques temps cette photo, symbole de la possibilité d'être à la fois en vacances au soleil tout en n'oubliant pas ses fondamentaux sur la lutte des classes !^^

Anonyme a dit…

Bof moyennement convaincue....Quel que soit le contexte ( discutable d'ailleurs ), le résultat est là...
Mais je te pardonne, darling, il y a de bonnes choses sur ton blog.

Antoine a dit…

De bonnes choses ? Sais-tu que j'adooore que l'on me brosse dans le sens du poil (d'où leur exhibition dans la bannière de mon blog) et que j'adooore quand on me fait des compliments sincères par le biais des commentaires ?^^