Carmelo Arden-Quin |
Depuis qu’il est au pouvoir, Nicolas Sarkozy fait de beaux discours sur la moralisation de la finance, la lutte contre les paradis fiscaux et l’encadrement du secteur bancaire. Dans les faits, rien n’a changé alors que la crise économique que nous connaissons actuellement, due en grande partie à la spéculation et à la mise sur le marché de produits bancaires toxiques, aurait dû inciter les États à limiter le pouvoir de nuisance des établissements bancaires et financiers.
Pascal Camfin, député européen écologiste et créateur de l’ONG Finance Watch, vient de publier un petit livre extrêmement simple malgré son titre particulièrement long (Ce que les banques vous disent et pourquoi il ne faut presque jamais les croire). Dans celui-ci, il dénonce le double discours tenu par la droite, qui s’agite devant le peuple français ou au G20 mais rechigne à signer n’importe quel amendement ambitieux sur le sujet au niveau du parlement européen. Après avoir démonté point par point le discours des principales institutions bancaires (qui nient toute responsabilité dans la crise économique et plus récemment dans la crise de la dette, un discours relayé par de puissants lobbys auprès des parlementaires européens), il esquisse une dizaine de propositions concrètes qui permettraient de mettre un terme à la suprématie bancaire actuelle. Parmi celles-ci, on peut citer :
1. Conditionner l’octroi de la licence bancaire et le soutien de la Banque Centrale : imposer des contreparties (aussi bien la lutte contre les paradis fiscaux ou les rémunérations des traders) et des engagements en termes de financement effectif des États, des entreprises et des ménages en échange de l’autorisation d’exercer et de la mise à disposition de fonds illimités auprès de la BCE.
2. Réduire la taille des banques et augmenter leurs fonds propres : Séparer les activités de détail de celles d’investissement afin d’éviter que la banque du quotidien ne subventionne les activités spéculatives des banques et obliger les banques à conserver un matelas de sécurité plus important tout en ne diminuant pas leurs prêts à l’économie réelle.
3. Contrôler les produits financiers toxiques en les soumettant à une autorisation préalable de mise sur le marché (afin d'éviter que ne se propagent des produits comme les subprimes, les CDS à nu...).
4. Rompre avec le court-termisme des marchés financiers en instaurant une durée minimale de détention des titres financiers et en interdisant les banques et les hedge-fund de travailler pour leur propre compte.
Contre la dictature des marchés financiers et des gestionnaires de capitaux, l’obsession du court terme et le contournement de la démocratie, il faut agir pour établir le pouvoir de la société sur les banques et le crédit afin de produire autrement les richesses. Pour cela, je pense qu’il faut nationaliser purement et simplement les établissements bancaires et financiers. Nationaliser pour que des ploutocrates apatrides arrêtent de s’en mettre plein les poches. Nationaliser au nom de la morale et de la justice sociale. Nationaliser pour rompre avec les marchés financiers et la richesse en forme de bulles.
Le mal qui ronge la finance dévore à présent l’économie mondiale dont elle a tiré sa substance. Il est clair que, spontanément, les banques ne réduiront pas leurs activités de marché, à moins que l’Etat actionnaire ou le régulateur ne les y incite fortement. Ainsi, après la crise des subprimes, plusieurs États ont nationalisé totalement ou partiellement des établissements devenus « toxiques », la France aurait alors dû sauter sur l’occasion pour s’emparer du capital de ses grandes banques à moindre frais. Mais il n’est pas trop tard et il reste surtout à savoir si nationaliser veut dire que les banques sont récupérées par la nation pour un Euro symbolique ou si l’Etat français doit s’emparer de 51% du capital via l’achat d’actions ou la recapitalisation des établissements bancaires.
Une chose est sûre, cette nationalisation ne doit pas être temporaire mais construite sur la durée, notamment avec la mise en place assez rapidement, comme le propose Jean-Luc Mélenchon, d’un pôle public bancaire et financier. Pour le Front de Gauche, ce pôle financier public doit « s’organiser par la mise en réseau des institutions financières publiques existantes (Caisse des dépôts, Crédit foncier, OSEO, CNP, Banque postale), des banques et des assurances mutualistes dans le respect de leurs statuts et la nationalisation de banques et de compagnies d’assurances. Ce réseau sera chargé d’une nouvelle mission de service public du crédit et de l’épargne, au service de l’emploi, de la formation, de la croissance réelle et de la préservation de l’environnement afin de sortir de la crise et de l’emprise des marchés financiers ». Les profits des banques seraient alors récupérés et viendrait alimenter les caisses de l’état. Pour libérer les finances publiques de la pression des marchés financiers, pour agir pour un changement durable, il n’y a qu’un vote utile.
« S'approprier les questions financières est une des clés pour sortir de la crise. Car sans démocratisation de la finance, nous assisterons à la financiarisation de l'économie. »
[Pascal Camfin]
2 commentaires:
Putain, qu'est-ce qui t'arrive, je n'arrive plus à te suivre! tu publies trop vite, j'ai même plus le temps de réfléchir à un commentaire que, pouf, tu ponds déjà un autre article!!!
Mais voyons très cher, l'heure est grave ! Il ne reste que quelques semaines avant le premier tour de l'élection présidentielle et il reste encore beaucoup de chemin à faire pour rendre sa place au peuple ! ;)
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