Paul Klee |
Chaque jour, les médias nous parlent de la dette des États et du risque de sortie de l’euro. De scénarios fumeux en analyses catastrophistes, la seule solution avancée est la rigueur, toujours plus de rigueur. Ne pas envisager un protectionnisme européen, ne pas miser sur les énergies renouvelables, ne surtout pas tenter une relance à l’échelle européenne. Menacés de part en part, les États n’ont d’autres possibilités que de s’enfoncer chaque jour un peu plus dans la récession, contraints par une Europe au service des banques et des fonds spéculatifs.
En effet, l’une des principales causes de la dette des pays européens est la politique de la Banque Centrale Européenne. Celle-ci mène une politique budgétaire en contradiction avec sa politique monétaire. Alors qu’Elle prête des fonds illimités à des taux d’intérêts extrêmement faibles aux banques, Elle impose aux États membres des règles draconiennes de respect du pacte de stabilité, obligeant les États à s’endetter auprès de ces établissements bancaires. Et ces derniers y sont doublement gagnants puisqu’ils peuvent librement spéculer contre la dette des États : le fameux concept des « CDS à nu » qui permet aux banques de s’assurer contre le risque de faillite de la Grèce par exemple même si elles ne détiennent aucune obligations grecques, comme si l’on pouvait toucher une prime d’assurance en cas d’incendie d’une maison que l’on ne possède pas. De quoi donner des idées à certains pyromanes...
Au final, c’est au peuple européen qu’il convient de payer les bénéfices mirobolants du système bancaire et financier. Faire des sacrifices pour « rassurer » les marchés. C’est pourquoi, lasse d’un tel constat, la rédaction du bimensuel Fakir a publié le mois dernier cinq solutions plus ou moins radicales qui ont existé et réussi au cours des siècles passés et qui permettraient de résoudre la crise de la dette :
- Le fléchage : il s’agit de « flécher » l’utilisation des milliards accordés aux banques à taux réduits, un peu sur le même principe que les fonds déposés sur les livrets A de millions de français qui servaient (jusqu’à ce que Sarkozy assouplissent les règles) à financer des missions d’intérêt général (logement social, rénovation des universités et des hôpitaux...). Il s’agit ni plus, ni moins, d’imposer quelque contrepartie aux « cadeaux » faits par la BCE aux établissements bancaires en obligeant ces derniers à financer l’économie réelle et non pas à spéculer sur les marchés. Si les banques crient à l’ingérence, alors, qu’on leur coupe le robinet à liquidités grand ouvert...
- La dévaluation : Au diable l’Euro fort à l’égard du dollar et du yuan, une bonne dévaluation permettrait de relancer les exportations et allégerait les règlements de la dette. En 1928, conscient que l’Allemagne ne rembourserait jamais les réparations de la Première Guerre Mondiale exigées par la France, Raymond Poincaré avait opté pour une dévaluation du Franc de 80% : effet immédiat ! Tant est si bien qu’il fut ensuite surnommé le « sauveur du franc ». Seuls les détenteurs de capitaux risquent de ne guère apprécier une telle pratique...
- L’inflation : Le seul moyen pratique d’écourter la douloureuse période de désendettement et de croissance morne consisterait en un recours contrôlé à l’inflation pendant plusieurs années. Pourtant, cela ne semble pas la priorité de la BCE qui s’oppose fermement à une inflation supérieure à 2% bien que cette politique permettrait de relancer la consommation et l’emploi. Mais, là encore, les rentiers et les détenteurs de capitaux seraient les perdants de cette politique, politique qui n’a là encore rien de révolutionnaire puisqu’elle fut allègrement pratiquée en France dans les années 70, systématiquement accompagnée d’une hausse des salaires et d’un accès facilité au crédit pour les ménages.
- Le défaut de paiement : annuler la dette, la récuser comme fit Lénine avec les « emprunts russes », permettrait de manière radicale de mettre fin aux problèmes liés au remboursement et ainsi, pour les États, de pouvoir repartir sur de bonnes bases.
- La confiscation : En 1789, les biens du clergé sont confisqués pour éponger la dette de la France. Aujourd’hui, pourquoi ne pas confisquer les biens des principaux responsables de la crise économique que nous traversons ? Dirigeants de banques ou de grands groupes industriels, traders, actionnaires exigeants toujours plus de dividendes, autant de traitres à exproprier pour rembourser l'emprunt français.
Ces solutions sont aujourd’hui totalement écartées par nos élites, corrompues jusqu’à la moelle par la puissance des marchés et le pouvoir des financiers et des rentiers. Qu’attendons-nous pour reprendre le contrôle de nos vies en nous opposant de front aux détenteurs de capitaux et aux banquiers ? Cessons de nous résigner, combattons la politique économique européenne et organisons nous pour montrer qu’il existe d’autres alternatives, à la manière des islandais qui ont dernièrement refusé par les urnes les « réformes structurelles » imposées par leur gouvernement et préféré un mix de défaut de paiement, de dévaluation et d’inflation.
1 commentaire:
Masette, quel enthousiasme, quel lyrisme! C'est l'effet des 10% de Mélenchon qui booste ton blog et ta puissance d'engendrement? Bravo! Tu m'ouvres des perspectives et tu me révèles au passage de saines lectures!
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