11 mai 2007

The Air is On Fire

Fascinantes, surprenantes, saisissantes, autant d'adjectifs pour qualifier les toiles de David Lynch exposées à la Fondation Cartier ! Dès l'entrée, j'ai été subjugué par la puissance qui se dégageait des toiles très sombres du célèbre réalisateur américain ! Je n'arrive pas vraiment à décrire ce que j'ai ressenti mais cela ressemble à un mélange de fascination auto-destructrice et d'étouffement salvateur ! On sent que le sujet est très noir, très sombre, très violent... Maisons qui brulent, femmes battues, violées, hommes tués... Le ton noir donne le ton de l'exposition ! Quelques petites touches d'humour par-ci par là mais il est évident qu'on est pas là pour rigoler ! David Lynch est torturé et nous torture avec ces oeuvres... Je n'ai pas trop aimé ces photographies porno détournées (distorded nudes) mais tout le reste m'a indéniablement séduit comme ces nouvelles oeuvres constituées de photographies détournées, de vieux vêtements, d'objets réels et parées de petites phrases percutantes ! Le clou de l'exposition : les titres donnés aux différentes toiles, inscrit sur le côté avec de petites lettres dactylographiées... Lyrique et terriblement destabilisant : David Lynch est un grand peintre ! Ces toiles m'ont intrigué, m'ont envouté, m'ont subjugué pour finalement me toucher et ne plus me lâcher... Il est clair que je ne suis pas près d'oublier cette exposition notamment grâce à la musique assourdissante omniprésente tout au long de la visite de ce rez-de-chaussée dément !Je ne m'attendais pas à découvrir un artiste aussi complet... Sa folie créative n'est plus à prouver... J'ai vu tous ces films et il est indéniable qu'ils n'ont pu sortir que d'un esprit particulièrement dérangé (dans le bon sens du terme évidemment !). Cependant, je ne suis pas fan des oeuvres les plus déroutantes de David Lynch, des oeuvres les plus incompréhensibles ! Tout au long de l'exposition, je me suis amusé à chercher les analogies qui existent entre ces gribouillis, ces griffonages sur des serviettes en papier, des boites d'allumettes, des bouts de papier et son impressionnantes filmographie ! Un sport intellectuel enrichissant et assez intense notamment au rez-de-chaussée où sont présentées plus de 500 dessins vraiment étranges, parfois malsain et parfois très drôles... Au sous-sol, des dizaines de photographies de l'artiste ! Je n'ai jamais réussi à m'intéresser à la photographie et Lynch ne sera pas un déclic ! Evidemment, il est intéressant de voir sa vision de la désindustrialisation de la ville de son enfance mais je n'ai pas réussi à accrocher à ces photos en noir&blanc comme je n'ai pas réussi à accrocher à ses photos de femmes nues aux formes généreuses ! Il y a également pas mal de dessins qui confirment l'indéniable talent polyforme de Lynch ! Deux-trois peintures plutot bien foutus et surtout la reconstitution d'une chambre pour enfant à partir d'un dessin de Lynch ! Autour de cette chambre sont déclinés des dizaines de petits dessins assez choquants et dérangeants... Certains rappellent indéniablement l'oeuvre de Salvador Dali... Je sais pas pourquoi mais à plusieurs reprises pendant l'exposition, j'ai découvert des analogies entre les deux artistes !C'est également au sous-sol que nous attend une reconstitution du fameux théâtre d'Eraserhead dans lequel est installé un écran de cinéma... Je m'installe à l'instant même où commence Dumbland, une mini-série animée créée par Lynch ! C'est hilarant ! Je me suis vraiment bien marré ! Ensuite, on a eu droit à 6 courts-métrages experimentaux chiants et incompréhensibles ! J'en avais déjà vu un ou deux sur internet en plus et cela m'avait déjà fait chier à l'époque ! Heureusement, cette demi-heure de torture est suivi par les deux premiers courts-métrages de David Lynch : Six Men Getting Sick et The Alphabet (malheureusement, le musée fermait et je n'ai pas pu voir The Grandmother) où l'on retrouve tout le génie du grand maitre du cinéma américain ! Le seul reproche que j'oserais faire à la Fondation Cartier est de ne même pas avoir pris la peine de sous-titrer les films... Pour Dumbland, je n'ai eu aucun problème à comprendre (un mot sur deux est un FUCK) mais pour les films experimentaux, j'étais complètement largué !


Bref, une exposition que je vous conseille tout particulièrement... Il ne reste plus que deux semaines pour la voir mais cela vaut réellement le coup d'oeil ne serait-ce que pour la mise en scène intéractive proposé par David Lynch himself ! Plus qu'un hommage ou qu'une quelconque explication de la filmographie de Lynch, l'exposition permet de découvrir un artiste, un artiste complet à la fois réalisateur, peintre, dessinateur, photographe doué d'une imagination débordante, d'une folie prononcée et indubitablement d'un talent et d'un génie incontournable !