25 mai 2007

Les Justes

Ce soir, j'ai assisté (avec ma gentille voisine qui a accepté de m'accompagner...) à l'une des plus belles pièces qu'il m'ait été donné de voir cette année... Ainsi, j'ai assisté à l'antépénultième représentation de la pièce Les Justes d'Albert Camus au Théâtre de l'Athénée ! Vu que j'avais vraiment adoré lire la pièce il y a quelques mois, j'avais peur d'être déçu par la représentation... Il n'en a rien été... Même si la mise en scène de Guy-Pierre Couleau était assez académique, le texte prend toute sa résonnance dans la bouche des acteurs... C'est un texte fait pour être joué et c'est bien dommage que la pièce ne soit restée qu'un mois à l'affiche...
De manière très synthétique, la pièce est un grand débat, un conflit de haut vol sur l'acte révolutionnaire en lui-même... Religion, philosophie, politique, amour... Chaque réplique soulève une question fondamentale... Quand un des personnages développe une thèse, un autre développe alors immédiatement l'antithèse... C'est vraiment puissant car c'est au spectateur de prendre position et de s'interroger sur soi, sur le terrorisme, sur ses croyances, sur ses certitudes, sur ses convictions, sur ses limites... La fin justifie-t-elle les moyens ?
Un petit mix des répliques les plus marquantes permet de mieux saisir la force qui se dégage de la pièce... «C'est facile, c'est tellement plus facile de mourir de ses contradictions que de les vivre.», «J'ai compris qu'il ne suffisait pas de dénoncer l'injustice, il fallait donner sa vie pour la combattre.», «La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul homme est asservi sur la terre.»Tuer pour que la terre, enfin, se couvre d’innocents.». Ainsi, en explorant les peurs et les doutes de ces personnages, leurs regrets et leurs rêves, Camus se penche sur la résistance et la révolte... La poésie est révolutionnaire et le théâtre de Camus l'est indubitablement aussi ! Sans aucun doute l'une des plus belles pièces jamais écrites... J'ai d'ailleurs commencé Caligula ce matin en espérant que je ne serai pas déçu...
J'ai trouvé tous les acteurs excellents et en particulier Frédéric Cherboeuf. On éprouve de l'empathie, de la sympathie pour eux... Ce sont des terroristes mais au plus profond de moi, j'étais incapable de les condamner... Ce sont avant tout des résistants, des utopistes, des rêveurs...
Bref, une pièce terriblement émouvante (il m'a fallu plusieurs minutes pour reprendre mes esprits après le "Tout sera plus facile, maintenant" laché par Dora...), très enrichissante (je pourrais passer des heures à parler de chacun des thémes abordés par la pièce...) et toujours d'actualité ! Ecrite en 1949, se passant en 1905, la situation décrite ressemble étrangement à ce qu'il se passe aujourd'hui en Iran ou ailleurs, dans ces pays où le nombre de femmes terroristes ne cessent d'accroitre !
«Mourir pour l'idée, c'est la seule façon d'être à la hauteur de l'idée.»