17 juillet 2007

Roy Lichtenstein, Evolution

A Paris a ouvert il y a quelques semaines la Pinacothèque, nouveau lieu culturel parisien situé Place de la Madeleine. L'entrée est relativement chère, le fascicule est payant, le lieu pas très grand mais les expositions annoncées font rosir de plaisir : Soutine cet hiver et Pollock l'année prochaine ! Pour l'heure, c'est Roy Lichtenstein qui ouvre la danse et inaugure le lieu... J'étais persuadé d'aimer Lichtenstein mais finalement je suis moyennement convaincu, du moins par les oeuvres présentées dans cette exposition qui ne manque pas de panache... Deux époques sont présentées... On commence par découvrir les débuts du pop-art, les années 70, puis ses créations plus contemporaines sont mises à l'honneur.
 
Son oeuvre est un impressionnant hommage à la bande-dessinée, à l'impressionnisme et au cubisme. Roy Lichtenstein ne s'en cache pas... Il vénère Picasso, Monet, Cézanne et Matisse et ses oeuvres sont là pour en témoigner... Dans son art, il mélange les collages de divers matériaux, les coups de brosses... Là où l'exposition est brillante c'est qu'elle décompose le schéma créatif de l'artiste. Tout d'abord, il dessine, il fait des croquis de ce qu'il veut montrer... A ces croquis, il ajoute des éléments découpés dans des magazines... Ensuite il crée une oeuvre de collage (facilement modifiable), reproduction souvent grandeur nature qui précède la réalisation finale. Pour chaque oeuvre les commissaires de l'exposition sont parvenus à rassembler toutes les étapes de la création... Par ailleurs, l'exposition revient sur les motivations profondes de l'artiste... Il souhaite reprendre les éléments propres à l'art commercial (les points, les hachures, les couleurs vives, tout ce qui peut faire penser que l'oeuvre a été conçu par une machine...) et en faire la base de son travail... Je suis assez mitigé sur le résultat... C'est à la fois étonnant parce qu'unique mais en même temps je ne suis pas convaincu par la portée esthétique de son travail... C'est l'essence même de sa démarche (la relation entre art/humain – art/machine) qui me met mal à l'aise... Il en résulte que je ne retrouve pas l'âme de l'artiste derrière les tableaux... A vouloir trop pousser sa démarche, Roy Lichtenstein est parvenu à déshumaniser ses oeuvres (mêmes ses nues...), à déshumaniser sa démarche... C'est vraiment dommage ! L'exposition se termine quand même avec la présentation de Laocoon, toile immense représentant une sculpture rhodienne que j'ai eu l'occasion de voir récemment dans le musée du Vatican... C'est la seule oeuvre qui m'est réellement fait vibrer alors que c'est celle où le travail fondamental de l'artiste est le moins visible...
Un lieu et une exposition à découvrir même si le côté un peu puant (c'est un lieu qui a vocation à faire du fric par tous les moyens...) de cette pinacothèque est légèrement rédhibitoire...