Ziad Dalloul
L'Institut du Monde Arabe présente 120 oeuvres extraites de ces propres collections, dues à quelque quatre-vingts artistes originaires d'une quinzaine de pays arabes, dressant ainsi un panorama de la création contemporaine dans le monde arabe. Une exposition surprenante et esthétiquement réussie avec quelques belles découvertes comme Rachid Diab, Mounir Canaan, Ziad Dalloul, Shafiq al-Nawab, Himat Ali, Saleh al-Jumaie.
Par ailleurs, c'est toujours un plaisir non-dissimulé de voir une œuvre de Mahjoub Ben Bella, même si l'immense toile exposée manque cruellement de recul. Riche d'influences, l'art contemporain arabe fait preuve d'une grande diversité de styles d'où le titre pas volé de Modernité Plurielle. Les artistes arabes semblent donc partagés entre plusieurs cultures. Ils constituent un lien unique entre l'Occident et l'Orient, travaillant, par exemple, sur la calligraphie arabe et le signe, tout en laissant paraître des influences plastiques occidentales. On remarque notamment la forte influence du cubisme (pas forcément les œuvres qui les oeuvres les plus marquantes mais de nombreuses influences sont facilement décelables), du surréalisme (Said al-Adawi), du néo-réalisme, de la bande-dessinée (Dia Azzawi). Cela étant dit, la multiplicité des supports, des formes, des couleurs employés place chaque oeuvre dans un univers qui lui est propre, un univers qui n'appartient qu'à l'artiste et dans lequel l'IMA nous autorise à pénétrer le temps de cette exposition originale et décalée.
Malheureusement, ces oeuvres manquent cruellement de contextualisation et leur dimension historique échappe vraisemblablement à de nombreux visiteurs notamment pour des toiles comme celles de Adel El-Siwi ou Fateh Al-Moudares. Cela reste néanmoins un plaisant aperçu de l'ampleur de la création contemporaine dans les pays orientaux, un aperçu qui permet d'apprécier la complexité et la fertilité du travail de création plastique mené au cours du demi-siècle écoulé. Artistes méconnus, voire inconnus en Occident, ils n'ont pourtant rien à envier aux grands noms de l'art contemporain dont le travail s'arrache sur le marché de l'art. Petit coup de cœur pour un tableau de Fouad Bellamine, un zeste d'Anselm Kiefer tourné à la sauce arabe et une toile étrange et matricielle de Malek Salah.
Sans parler des deux œuvres de Shakir Hassan al-Said, sans aucun doute les deux plus belles pièces de la collection présentée par l'Institut du Monde Arabe !
Une exposition qui met la création arabe à l'honneur à voir avant le 9 mars.