06 février 2008

Musées strasbourgeois

Nettement mieux organisé à Strasbourg qu'à Nancy, j'ai pu profité de l'intégralité de l'offre muséale de la ville. Huit musées en une journée pour seulement trois euros grâce à un pass très pratique ! L'avantage de la ville, c'est que tous les musées sont concentrés dans la vieille ville ou aux proches abords. Le palais Rohan par exemple réunit à lui seul les 4 plus grands musées de la ville.Galerie Heitz
Une exposition temporaire baptisée Attraits subtils présentent des pièces extraites du Cabinet des Estampes de la ville, des gravures du Dürer, Baldung Grien et Cranach l'Ancien. Scénographie aérée dans un rose flashy mais je n'ai jamais été très sensible à la gravure. En plus, les œuvres de Dürer sont un peu décevantes par rapport à celles exposées durant l'exposition Mélancolie du Grand Palais. Une ou deux gravures seulement m'ont touché.

Musée des Beaux-Arts
Comme tout musée des Beaux-Arts de province qui se respecte, il y a surtout des croûtes, des œuvres d'artistes mineurs... mais au milieu de tout ça, il y a quand même un portrait de jeune fille de Raphaël assez sidérant, des oeuvres de Boticelli, Sodoma (je le mets uniquement pour faire plaisir à JM parce que le tableau était pas terrible...), Veronese, Le Tintoret, El Greco, Lotto... Parmi les coups de coeur, je dois quand même évoquer un Dom Juan de Fragonard et les Desdémone de Chassériau. Sans oublier plusieurs œuvres de Jean-Jacques Henner et notamment un Christ en croix époustouflant !

Musée des Arts Décoratifs
Le rez-de-chaussé du Palais Rohan est conservé en l'état. Des magnifiques salons, des chambres à couchers, un bibliothèque majestueuse, le lieu fait penser à Versailles... C'est luxueux et fastueux et on prend plaisir à déambuler dans les immenses salles pleines de trésors kitsch. A noter une immense collection de faïence de Hannong sans grand intérêt et une petite mezzanine consacrée à la collection de jouets mécaniques offerte par Tomi Ungerer à la ville de Strasbourg ! Sidérant et enchanteur !

Musée Archéologique
Nul à chier ! Je marchais dans le sous-sol du Palais et je me remémorais ma tendre enfance quand je passais des heures dans le Musée Saint-Remi, le musée archéologique de Reims. Je n'arrive plus à comprendre le plaisir que je prenais à l'époque. Voir ses objets, ses os, ses reconstitutions prendre la poussière dans d'ignobles vitrines m'a donné un gros coup de blues. Et je n'ai strictement rien appris...

Musée Alsacien
Trois maisons typiquement alsaciennes réunies pour offrir au touriste un labyrinthe de salles minuscules pleines à craquer de meubles anciens et autres antiquités sans grand intérêt ! Amusant néanmoins de découvrir de manière plus approfondie l'évolution du mobilier et de l'architecture en Alsace depuis des siècles. Le tout accompagné d'un audioguide soporifique...

Musée Historique
Une bonne surprise ! Pas forcément ma tasse de thé mais j'ai appris beaucoup de choses sur l'histoire de la ville de Strasbourg notamment grâce à un audioguide pédagogue et très bien foutu et d'une mise en espace assez épatante ! Sans oublier le plan-relief de 80m² de la vieille ville datant de 1726 ! Impressionnant !
Musée Tomi Ungerer
Petit nouveau parmi les institutions muséales de la ville, il n'en reste pas moins l'un des plus intéressants ! Qui ne connait pas Tomi Ungerer ? Les trois brigands, son chef d'oeuvre, est passé à la postérité ! Mais, si tout le monde connait ses illustrations pour enfants, tout le monde ne connait pas ses caricatures ou encore ses dessins érotiques. Au rez-de-chaussé, on revoit donc avec plaisir les dessins qui ont bercé notre enfance, avec ces fonds noirs, ces formes colorées, ce mélange de naïveté et de dureté. A l'étage, le conservateur a mis l'accent sur son travail aux USA, les publicités qu'il a réalisé mais aussi ses caricatures autour de la société américaine. Parfois effrayantes, elles n'en restent pas moins très impressionnantes !
Au sous-sol, on découvre stupéfait ses illustrations de contes pour adultes, un détournement graveleux des contes de Grimm ou de Perrault ou encore ses grenouillades, dessins coquins mettant en scène de petites grenouilles. Le tout est évidemment hilarant !
Musée d'Art Moderne et Contemporain
Un magnifique bâtiment hyper moderne qui tranche avec le reste de l'architecture des bords de l'Ill... mais qui s'y intègre parfaitement bien, contrairement aux Halles, à l'opposé de la ville. A l'intérieur, tout semble démesuré, aérien ! Et les collections permanentes dévoilent quelques bonnes surprises... Dans la partie consacrée à l'Art Moderne, on retrouve des oeuvres d'artistes aussi reconnus que Kandinsky, Kupka, Picasso, Braque, Gris... Mais aussi une large collection de surréalistes comme Ernst, Arp, Picabia, Miro, Magritte et surtout une salle complète consacrée à Victor Brauner, un artiste que je découvre progressivement et que j'adooore ! Enfin, une salle offre quelques oeuvres néo-réalistes très intéressantes de Arman, César, Spoerri... Sans parler des gravures d'après-guerre d'Otto Dix et Max Beckhmann qui m'ont replongées quelques minutes dans l'exposition Allemagne, les années noires vue juste avant de partir.

A l'étage, on découvre une belle collection d'art contemporain ! Une attention toute particulière est apportée au génial Robert Filliou mais c'est aussi pour moi l'occasion de découvrir des oeuvres d'artistes que j'aime beaucoup comme Boltanski, Broodthaers, Baselitz... En revanche, je dois bien reconnaître que j'ai de plus en plus de mal avec le travail d'artistes comme Buren, Morrelet, Toroni ou Rutault... Encore un ou deux fonds d'art contemporain et je leur pisse à la raie ! Une visite qui m'a aussi permis de confirmer tout le mal que je pense de l'Arte Povera italien auquel je suis complètement hermétique !
Parmi les révélations, je dois évoquer les noms de Markus Lupetz et A.R. Penk, deux artistes assez géniaux...
Ce qui m'a particulièrement intéressé dans cette présentation d'art contemporain, ce sont les informations qui accompagnent les œuvres. En effet, les conservateurs, au lieu de laisser le visiteur se démerder avec une œuvre dont il ne comprend rien, lui donnent les clés pour mieux percevoir la démarche de l'artiste.

Au rez-de-chaussé, il ne faut pas oublier l'immense salle consacrée aux gigantesques toiles de l'artiste symboliste Gustave Doré ! Ainsi que deux expositions temporaires : Le salon de la rue présentant des affiches illustrées réalisées entre 1890 et 1910 (amusant et iconographiquement intéressant) et Joy of Photography de Piotr Uklanski, une série de photographies assez fascinantes de par leur aspect technique, leur saturation chromatique ou encore le jeu avec l'abstraction...

Aucun commentaire: