30 mai 2008

Récit d'une opération au laser EXCIMER

Neuf heures, je pénètre dans le Centre Laser Victor Hugo près de la Place de l'Etoile. Mon ophtalmologiste – je persiste et signe !^^ - m'attend déguisé en Schtroumpf. Il me fait patienter quelques minutes. Le stress s'est emparé de moi la veille au soir. Heureusement, l'humour d'une amie m'accompagnant détend l'atmosphère. Et les vases débordant de lunettes devenues inutiles me rassurent. Quelques minutes plus tard, une infirmière m'emmène faire une topographie cornéenne afin de vérifier que l'opération est faisable. En effet, la semaine dernière, après mon rendez-vous pré-opératoire, un doute subsistait : ma cornée gauche n'était pas suffisamment épaisse par rapport à ma forte myopie. Finalement, il s'avère que je suis bel et bien opérable. Je patiente à nouveau quelques minutes dans les luxueux fauteuils de la salle d'attente. Puis je suis contraint d'aller payer. Plus cher que ce qui était prévu à l'origine. En même temps que je fais le chèque, je pense aux cinq aller-retour pour New-York que mes parents auraient pu s'offrir à la place de mon opération.

Peu avant neuf heures et demi, l'infirmière m'entraîne derrière elle. Je revêts une tenue de canari. Bonnet, tunique, chaussons. Et pénètre enfin dans le bloc opératoire. L'ophtalmologue est déjà installé. Je m'allonge. Je ne suis plus très conscient de la suite des événements. Je me souviens de dizaines de gouttes différentes que l'on dépose dans mes yeux, une telle quantité que je les sens dégouliner le long de ma nuque. Je me souviens des injonctions formelles de l'oculiste qui me répète de fixer la lumière rouge. Pour l'oeil droit, je reste calme. Je fixe le point lumineux. Au dessus de moi, je vois le laser faire son travail. Je sens son contact sur la surface de mon oeil, je le sens pénétrer à l'intérieur de moi, je le sens aplatir ma cornée, marquer son territoire comme un témoignage de son passage, graver de manière stoïque dans ma cornée incandescente. Les écarteurs me font souffrir. Je souffre d'autant plus qu'il paraît que j'ai de petits yeux qui obligent l'ophtalmologue à me pincer les paupières. Pour l'oeil gauche en revanche, je ne tiens pas en place. Je me mords l'intérieur des joues. Je n'arrive pas à rester concentrer sur la petite loupiote rouge. Mon oeil vagabonde d'est en ouest, du nord au sud. J'ai peur que mon excitation fasse rater l'opération. L'ophtalmologiste se veut rassurant et tente de me calmer. Je respire un bon coup. Les dizaines de produits disséminés sur ma cornée brouillent mes sensations. L'opération est tellement rapide que je n'ai pas le temps de souffrir, d'éprouver la douleur indicible que j'imaginais depuis plusieurs semaines, que je me préparais à affronter. Une dizaine de minutes plus tard, le médecin me libère. Je vois déjà mieux que quand je suis entré dans la clinique. J'ai la tête qui tourne. Il me fait asseoir pour que je puisse reprendre mes esprits. Je suis complètement déphasé. Et puis finalement, mon amie vient me sortir de ma torpeur. Son ton caustique me fait oublier les picotements. J'ai furieusement envie de me gratter, de frotter mes paupières jusqu'à ce que l'algie ne se fasse plus sentir. Heureusement, deux horribles globes de verre viennent couvrir mes yeux encore endoloris.Vers dix heures, nous reprenons le métro après s'être arrêtés dans une pharmacie acheter des petites gouttes que je dois mettre quatre fois par jour pendant une semaine. A huit heures, à midi, à seize heures, à vingt heures. Je me repère plutôt bien dans les couloirs. Je suis même étonné de la rapidité avec laquelle ma vue est revenue. L'ophtalmologiste avait été beaucoup moins optimiste la semaine dernière. J'observe le regard des gens qui me croisent. Un mélange de dégoût, de curiosité et d'amusement. Pour ma part, je m'amuse à les voir réprimer un sourire. Les enfants sont les plus honnêtes. Place Victor Hugo, une petite fille me regarde avec de grands yeux effrayés. A la sortie de la station Anvers, des gamins se moquent de moi, me montre du doigt en rigolant bruyamment. J'ai envie de les attraper et de les buter ces petits merdeux. S'ils avaient des pierres, ils me les jetteraient au visage. Si j'avais un bazooka, je m'en servirais sans arrière-pensées. La rue rodier est en pente et nous atteignons rapidement mon appartement. Je n'ai le droit de rien faire. Ni lire, ni écrire, ni regarder la télévision, ni aller sur internet, ni réviser mes cours, ni écrire de textos. Juste écouter de la musique, téléphoner et fermer les yeux pour tenter de faire cesser mon larmoiement incessant.

Ce matin, au réveil, ma vue était redevenue normale. Malgré un léger voile blanc dû à une sécheresse lacrymale, je vois parfaitement. Dix dixième m'a annoncé fièrement l'ophtalmologue tout à l'heure. Je cherche donc à me débarrasser d'un flacon de produit Opti Free, de lentilles Acuvue 2 (correction -6,00 et -7,00) et de dizaines de petites boites Opti Free. Contre un réveil qui projette l'heure au plafond par exemple ?^^

7 commentaires:

va33 a dit…

Bravo Antoine pour ton courage !!!
Une nouvelle vie s'ouvre devant toi ;-)

Amandine a dit…

Je n'ai ni besoin de tout ça, et je n'ai pas non plus de réveil...
Mais je suis soulagée ;)

Anonyme a dit…

T'as de beaux yeux tu sais !!!!(gabin)

Raphaël a dit…

rien que de lire l'article, j'en ai mal aux yeux ! je remercie dame nature d'avoir une vue correcte (enfin pour le moment)

Anonyme a dit…

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa, c'est fait sans anesthésie générale...Mon Dieu c'est horrible!

Anonyme a dit…

je sais que ton billet est ancien mais justement avec le recul comment ce sont passés les mois qui ont suivi ? j'avais lu que tu etais géné pendant quelques mois par exemple pas de natation le temps que tout cicatrice, problemes en cas de forte luminosité ?
j avoue que j'hésite de plus en plus et me demande si je ne vais pas sauter le pas cette année

Antoine a dit…

C'est plutôt quelques semaines qu'il faut compter après l'opération avant de pouvoir remener une vie complètement normale (sport, sensibilité à la lumière...) mais globalement, dès le lendemain ou le surlendemain tout est opérationnel. En revanche, malheureusement, je n'ai pas 10/10 aujourd'hui (surtout quand je suis fatigué ou que la lumière est légèrement tamisée), faute à une cornée pas suffisamment épaisse par rapport à ma myopie ! Mais c'est clair que si c'était à refaire, je le referais ! ;)