26 octobre 2008

Figaro divorce au Français

En lisant la programmation de la Comédie Française, je m'étais laissé séduire par le concept proposé par Figaro divorce d'Odon von Horvarth. Effectivement, l'auteur a décidé de reprendre l'intrigue du Mariage de Figaro là où Beaumarchais l'avait laissé. Dans Le mariage de Figaro, on sent qu'une Révolution approche. La première scène du premier acte de Figaro divorce montre la fuite du Comte et de la Comtesse Almavira accompagnés de leurs valets Figaro et Suzanne.

A partir de ce point de départ, dans la première partie, Odon von Horvarth capte des moments de la vie de ces valets devenus maîtres de leur destin (mais sont-ils vraiment libres de quoique ce soit quand on les voit ramper devant les clients de leur salon de coiffure, minables petits bourgeois d'une bourgade de Province) et de ces aristocrates déchus ne voulant pas accepter les événements de l'Histoire. Il croque la vie petite-bourgeoise avec ironie et un doux mélange de malice et répugnance.

La deuxième partie est plus amère. Figaro vient de divorcer et rentre en France pour prendre le poste d'intendant du chateau du Comte Almavira, transformé en centre d'accueil pour pupilles de la nation. On y découvre la désillusion post-révolutionnaire illustré par le débat stérile entre Figaro et Pédrille pour savoir lequel est le plus engagé dans la lutte révolutionnaire ou encore par la réplique sans appel de Figaro : "Rien n'est autant haï ni méprisé dans ce monde qu'un homme honnête et débrouillard. Une seule solution : il faut choisir. L'honnêteté ou la débrouillardise. Moi j'ai choisi".

J'ai beaucoup aimé le texte de Odon von Ovarth (drôle, acerbe, noire, pessimiste et incisive), j'ai apprécié à sa juste valeur l'interprétation parfaite des comédiens (Michel Vuillermoz absolument génial) mais j'ai eu beaucoup de mal avec la mise en scène de Jacques Lassalle. Classique - pour ne pas dire ringarde - et surtout manquant terriblement de rythme et d'inventivité. Il y avait sûrement moyen de raccourcir un peu la pièce grâce à une mise en scène plus punchy et plus emballante. Car finalement, quand il s'agit de décrire le quotidien, il n'y a rien de plus ennuyeux qu'une mise en scène plate et fade. Et puis j'ai eu beaucoup de mal à saisir l'intérêt des sons diffusés par moment, inappropriés le plus souvent, couvrant la voix des comédiens parfois. Sans oublier les décors absolument atroces sans aucune cohérence d'époque ou de lieu.

Malgré ces défauts un peu redhibitoires, je dois reconnaitre que c'est toujours plaisir d'aller à l'orchestre de la Comédie Française pour 5 euros ! Et cela m'a donné envie de redécouvrir le texte de Beaumarchais, sûrement au Français dans les semaines à venir...