Avant même d'arriver à Cracovie, nous avons eu le droit à une escale dans la gare de Katowice, grosse ville industrielle à une centaine de kilomètres de Cracovie. C'est tout simplement la gare la plus horrible que j'ai vu dans ma vie. Dès 4h30 du matin, nous avons été accueilli par une odeur rance de tabac mêlée à celle du kebab, pris d'assaut par des militaires prépubères. Dans cette gare, on vent les cigarettes et les biscuits à l'unité et déjà un dimanche à 4h30 du matin il y règne une agitation et une vie impossible à imaginer. C'est alors que nous avons connu le trajet le plus exotique de notre séjour. Il faut savoir que le train reliant Katowice à Cracovie met plus de deux heures à parcourir les cent kilomètres qui séparent les deux villes. Ce fut deux heures infernales (avec son lot d'alcooliques tournant à la bière à 5h du matin, fumant cigarette sur cigarette, la tête penchée par la porte du wagon grande ouverte sur la voie, retenant à intervalle régulier un début de vomissement archi-dégueulasse), surtout lorsque j'eus une envie pressante d'uriner. J'ai dû faire une dizaine de wagons avant de trouver des toilettes acceptables. Soit la porte était arrachée, lacérée, démontée, défoncée. Soit un tas de merde dépassait de plusieurs centimètres au-dessus de la cuvette des chiottes. Soit le sol était recouvert d'une couche de trois centimètres de pisse, jaunâtre et odorante. Soit des kilomètres de papier avait été déroulés sans aucun soucis artistique, condamnant ad vitam eternam l'usage des cabinets. Autant dire qu'après ce premier aperçu de la Pologne, nous redoutions notre arrivée en gare de Cracovie où Maxence nous attendait déjà.Fort heureusement (ou pas), Cracovie est une ville touristique d'une propreté impeccable. Après être passé nous laver et nous sustenter à notre auberge de jeunesse située sur la grande place Rynek Glowny face à la Halle aux draps (Sukiennice) et au Beffroi de l'Hotel de Ville (Wieza Ratuszowa), nous pouvons arpenter les rues de la ville de Krak. Une petite ville vraiment sympathique, très agréable. Ayant la chance (ou pas) d'y arriver un dimanche matin, nous pouvons ressentir toute la religiosité du lieu. Les églises (nombreuses) sont combles, les polonais se pressent pour prier et communier avec Dieu. Après avoir été refoulés de plusieurs messes (le style sandalette adopté en raison de la chaleur étouffante n'était visiblement pas acceptable pour le grand barbu qui nous regarde de là-haut), nous décidons d'aller nous immerger dans le quartier juif dont on peine à voir aujourd'hui les stigmates des ghettos voulus par les nazis. Cela étant dit, je regrette quand même de pas avoir continué notre promenade sur l'autre rive de la Vistule, jusqu'à l'usine de Schindler encore visible aujourd'hui. L'un des moments les plus drôles – et les plus infamants, je vous le concède – de la journée fut la Kippa Cabana Party dans le vieux cimetière juif de Cracovie qui nous a offert de belles photos grâce à ma kippa turquoise et la kippa rose de Maxence. Il fallait bien ça pour se remettre de la visite d'une demi-douzaine de synagogues plus ou moins belles et intéressantes (à voir absolument : la Synagoga Tempel).Après avoir mangé des dizaines de pierogi (à la viande, aux pommes de terre&fromage, aux fruits, aux champignons&chous...) carrément délicieux pour quelques zlotys à la Kuchnia u Doroty, l'adresse à découvrir absolument dans le quartier juif, nous décidons de prolonger notre découverte de la ville en retournant au Château Royal (Zamek Krolewski) et à la Cathédrale gothique de Wawel (Katedra Wawelska) avant de redescendre la butte par la Caverne du Dragon (Smocza Jama) où le roi Krak, le fondateur de la ville, avait vaincu le dragon au septième siècle. Pas forcément un passage inoubliable mais cela nous a permit de comprendre pourquoi il y avait autant de peluches en forme de dragon en vente à chaque coin de rue. La fin d'après-midi approchant, nous décidons d'aller jeter un coup d'oeil à Nowa Huta, une ville voulue par Staline à l'architecture... stalinienne. Un détour de quelques kilomètres pas forcément exceptionnel pour ne pas dire complètement inutile tant il est difficile d'accepter que les rues furent débaptisées et que les noms des hauts dignitaires soviétiques furent remplacés par des noms de membre du Solidarnosc ou du gouvernement américain. Quelle tristesse !Le soir, nous irons manger au Festival de pierogi de Cracovie. Quelle aubaine ! Les meilleurs cuisiniers de pierogi de toute la Pologne étaient venus se presser pendant trois jours afin de remporter le titre. Le festival touchant à sa fin, il ne reste plus grand chose. Mais pour quelques zlotys, nous repartons avec nos assiettes pleines de victuailles, accompagnés d'une bonne petite Zywiec, l'une des meilleures bières bues durant notre périple. Avant d'aller me coucher (après avoir raccompagné Maxence à la gare repartant en direction de la Slovaquie), je me tente un petit chien fou : vodka grenadine – inbuvable ! - ainsi qu'une cigarette locale : une Viceroy – infumable !Le lendemain, nous prenons le bus à l'aube en direction d'Oswereic, nom polonais pour désigner la ville mondialement célèbre d'Auschwitz. Nous pénétrons dans l'horreur des camps. Auschwitz I puis Auschwitz II (Auschwitz-Birkenau). La visite guidée se révèle un peu ridicule tant les ficelles pour tirer quelques larmes aux visiteurs sont grossières mais elle permet d'humaniser un peu la visite du camp. Difficile de décrire les sensations qui accompagnent la déambulation dans le plus grand camp nazi où 1,5 millions de déportés juifs, tziganes ou résistants périrent de 1940 à 1945. On a beau avoir vu et revu des images, des films, des documentaires sur les atrocités commises dans l'enceinte du camp, je dois bien reconnaître que j'ai passé cinq heures avec un pincement au coeur et une boule dans le ventre (même si une telle visite fait également frémir le gestionnaire que je suis tant l'organisation nazie était tout bonnement impressionnante !^^).
Le soir, nous retournons manger à la « Cuisine de Dorota » où je déguste une spécialité maison (un vrai délice !) et François s'enfile deux assiettes de pierogi. Au moment de payer, nous nous rendons compte qu'il ne nous reste plus assez de zlotys. Heureusement, un couple de français nous dépanne de 12 zlotys (moyennant quelques euros) puis nous reprenons le train couchette pour Prague, ultime étape à l'Est.
Le soir, nous retournons manger à la « Cuisine de Dorota » où je déguste une spécialité maison (un vrai délice !) et François s'enfile deux assiettes de pierogi. Au moment de payer, nous nous rendons compte qu'il ne nous reste plus assez de zlotys. Heureusement, un couple de français nous dépanne de 12 zlotys (moyennant quelques euros) puis nous reprenons le train couchette pour Prague, ultime étape à l'Est.
5 commentaires:
J'ai visité Mathausen et même sensation de malaise et d'oppression que celle que tu décris.
Krakow est une ville magnifique! ma préférée en Pologne, avec Wroclaw, et celle de mes grands parents bien sur même si c'est moins joli.
en revanche Katowice c'est la pire que j'ai pu voir... la gare, la place pas loin est pas mal aussi avec un gros immeuble bien gris bien dégueux... tout est comme ça dans ce bled!
je t'envie c'est un sacré tour d'europe que t'as fait! les voyages forment la jeunesse!!
(en revanche les photos de ton blog s'affichent pas auj chez moi)
même impression sinon pour le camp... mais j'avais pas pu aller à birkenau dont on disait que c'était plus "authentique"... dans le premier, surtout des lycéens débiles... les murs qui affichent les chiffres des déportés dans un des batiments c'est pas mal aussi...
Une polonaise en Erasmus à la fac cette année m'avait dit que je devais absolument aller à Wroclaw mais finalement c'était un peu galère pour le train... ça sera l'occasion d'un futur voyage en Pologne ! :)
Et effectivement Birkenau est plus "authentique", moins bondé, plus simple et finalement plus émouvant...
Et tu peux retrouver toutes les photos et bien d'autres encore sur Facebook ! ;)
Appreciate this blog ppost
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